Porte-à-porte

Une idée de départ originale et séduisante qui réussit à marier étrangement bien les marottes de Roland Emmerich sur les civilisations anciennes et la théorie des astronautes. Il a su tirer avec brio tout ce que l'Egypte fantasmée avait de fascinant et d'intrigant à la fois en y incorporant de manière cohérente et harmonieuse des éléments de S.F. Le dieu Râ synthétise tout ça à merveille, dérangeant et inquiétant à souhait il fait peser une menace sourde permanente amplifiée par son thème musical oppressant. Dans l'ensemble les personnages sont bien caractérisés et le fait qu'ils soient assez stéréotypés rend la chose d'autant plus efficace. La mise en scène d'Emmerich accentue aussi l'effet, la présentation de Râ qui sort de son sarcophage par exemple en impose un max d'entrée de jeu.
Tout ceci rend la narration fluide et maîtrisée comme les blockbusters de l'époque savaient le faire, l'explication foireuse sur la porte qui ne peut pas être réactionnée depuis la terre par contre est une grosse facilité. Les effets spéciaux ont un peu vieilli mais ils passent toujours au contrôle technique et tout ce décorum Egyptisant assure au film un cachet presque intemporel et indémodable. La lecture politique donne au projet une dimension quasi propagandiste sur l'interventionisme américain des années 90 dans les pays pétroliers dictatoriaux mais ça n'entame pas trop le plaisir nostalgique du visionnage. Bref un blockbuster vintage dépaysant qui réussit à emporter l'adhésion grâce à son ambiance mystique.