Ode à la guerre ?

Starship troopers a marqué de sa patte le cinéma de S-F lors de sa sortie en 1998. Il est depuis devenu culte pour les amateurs du genre.

Il faut dire qu'au delà des clichés du film bourrin où des fantassins dézinguent de l'alien hostile, il y a une vraie critique de la propagande et de la manipulation médiatique opérée par les dirigeants.

Ce qui frappe d'entrée, c'est l'ambiance de film de guerre poussée à son paroxysme. La Terre est attaquée par des parasites qui expédient des astéroïdes qui entrent en collision avec la planète bleue, causant d'immense dommages. La télévision conditionne les peuples à haïr l'ennemi. Dès leur plus jeune âge, les enfants sont embrigadés afin que, une fois majeurs, ils s'engagent dans l'armée pour combattre (on a connu ça chez les chemises brunes).
Paul verhoeven, qui n'est pas le dernier en critiques acerbes, effectue là un parallèle avec les émigrés aux Etats-Unis qui gagnent d'autant plus facilement leur droit de séjourner aux USA s'ils servent dans l'US Army. Au-delà de cela, c'est la critique du bourrage de crâne qui reste encore aujourd'hui cruellement d'actualité avec la guerre en Syrie. Les fondamentalistes utilisent la religion pour embrigader des jeunes en errance ; de l'autre côté, c'est la propagande de l'Etat pour asséner que les adversaires sont des rebelles terroristes.
C'est toujours la même rengaine : en déshumanisant l'autre, en évitant la compréhension de ses raisons, on le stigmatise. Qu'il est facile alors de l'éliminer comme un vulgaire insecte (les nazis n'éliminaient pas des humains mais des sous-races, c'est plus pratique). Le réalisateur a à cet égard bien choisi l'ennemi. C'est donc un film d'un grande subtilité et porteur d'un message critique et humaniste que nous livre là Paul Verhoeven. En prime, nous avons droit à une leçon de lecture d'images, toujours utile pour étayer son esprit critique face à des états démocratiques (!) tentés par la réduction des libertés individuelles au nom de la sécurité.
Cerise sur le gâteau, l'action est plaisante et les acteurs impliqués (et même leurs tronches de premiers de la classe sont bien choisies). Comme le second degré n'est jamais loin, il est d'autant plus facile de s'immerger dans cette histoire d'amitié militaire entre ex-étudiants. Ça mitraille à tout va et les parasites assurent le spectacle.

Plus de 15 ans après sa sortie, ce film n'a pas pris une ride et demeure d'actualité. C'est un bon signe sur la vision du réalisateur, moins sur l'état du monde.