« They’re just like us »

Starship Troopers est une satire du militarisme et de l’impérialisme américain, virant à certains moments à la parodie. L’intrigue se situe dans le futur, à une époque où les êtres humains sont présents dans d’autres galaxies et où la terre est dirigée par une « fédération ». Les humains se trouvent confrontés à un ennemi qu’ils sous-estiment dans un premier temps : ce sont des insectes.

Dans les premiers instants du film, nous faisons connaissance avec un groupe de teenagers, tout ce qu’il y a de plus banal. Ils ont le look de l’américain au physique de rêve. Les acteurs ont été choisis avec soin pour leur profil sitcom. A la fin de leur parcours scolaire, ces jeunes s’engagent dans l’armée et ils le font tous pour de mauvaises raisons (épater la petite copine, faire carrière, etc.). La réalité qu’ils découvrent sur le terrain est à mille lieues de leurs rêves et de leurs préoccupations de teenagers.

Dans Starship Troopers, la guerre est totalement désidéalisée. Comme toute guerre, cette guerre est une sale guerre et elle est absurde ! Et Verhoeven ne se prive pas de le montrer ! Les scènes de violence se succèdent, que ce soit celles qui ont lieu durant l’entraînement, qui n’est pas sans rappeler celui des marines, et celles qui ont lieu dans les combats contre les effroyables Arachnides. Les troupes sont envoyées les combattre comme on envoie le bétail à la boucherie. C’est un véritable carnage !

Dans Starship Troopers, Verhoeven tourne en ridicule les films de propagandes racoleurs appelant à s’engager pour la guerre. Comment ne pas penser à la guerre du Viêt-Nam ou à la guerre du Golfe ? Le lavage de cerveau des jeunes est également dénoncé avec force. Verhoeven en démontre aussi l’efficacité, car à la fin du film, les teenagers ont le cerveau lavé et participent, à leur tour, aux messages de propagande pour entraîner d’autres volontaires dans cette guerre sans fin.
Une séquence est importante à remarquer : lors de l’un de ces messages, il est rapporté l’installation d’une colonie de Mormons sur la planète Dantana dans la zone spatiale des Arachnides. D’après Paul Verhoeven, il est typique pour les Américains de voir le début de la guerre au moment où ils sont attaqués, et non dans ce qui a précédé et qui en est la source…

Verhoeven dénonce également l’esprit de supériorité qui tend à rabaisser et mépriser l’ennemi. En le sous-estimant, il se met à sa merci. C’est le général rescapé qui prononce une phrase clé : « they’re just like us ». Ces insectes pensent et ont une stratégie, tant que l’armée n’en tiendra pas compte, elle sera vouée à l’échec. Derrière ce film, il y a, entre autres, bien sûr le massacre des indiens et l’attitude des américains vis-à-vis d’eux. On peut en particulier penser au rapport de force qui s’est joué entre Geronimo et l’armée américaine. C’est en pensant comme les indiens, que l’armée a finit par l’emporter sur ce grand chef et sa poignée de guerriers.

Starship Troopers est un film dérangeant par ses images violentes et son caractère outrancier. Mais c’est un film intelligent à regarder au second degré. Je ne suis pas une adepte des films gore, pourtant celui-ci passe très bien et c’est lui qui m’avait donné l’envie de connaître la filmographie de Verhoeven lorsque je l’avais vu pour la première fois.

Critique remise à jour le 20/03/2022