Intitulé du nom du principal protagoniste et non intitulé l'affaire Stavisky, le film d'Alain Resnais se concentre sur un personnage qui a eu une vie de personnage de roman.
Serge Alexandre (alias Stavisky) est (dans le film) un homme sympathique, plein d'énergie et de ressources, ce qui est normal puisque c'est Belmondo qui l'interprète. C'est aussi un escroc, son charisme devait être réel également puisque les escrocs sont tous sympathiques, sinon ils ne tromperaient personne.
Ce Serge Alexandre apparaît comme un mégalo brillant, séducteur, humain et guère coupable. Son seul tort est de se croire inattaquable, fort de ses soutiens politiques et administratifs. Quand le vent commence à tourner, ses amis lui font comprendre qu'il doit désormais se cacher mais il a au contraire le projet de s'exprimer devant la presse pour se justifier de sa dernière escroquerie concernant les faux bons au porteur de Bayonne.
« Il aurait donné l'univers pour qu'on parle de lui alors qu'il aurait dû donner l'univers pour qu'on l'oublie. »
Le public des années 70 n'a pas fait au film un triomphe à l'époque, probablement gêné par la réputation d'intello d'Alain Resnais qui filme un peu Stavisky, comme le dit Charles Boyer à un moment donné, comme Fabrice à Waterloo (dans la Chartreuse de Parme). « Messieurs, je ne vois qu’un petit morceau de ce casse tête chinois. »
Car ce qui est intéressant dans l'histoire, ce sont les complicités des hommes politiques de tous bords avec l'escroc. Déjà relaxé 19 fois grâce à ses appuis haut placés, son intention de parler en place publique a entraîné le suicide de Stavisky à Chamonix, « d'un coup de revolver qui lui a été tiré à bout portant ». Il faut aussi noter, ce qui n'est pas mentionné dans le film, qu'Albert Prince, le principal enquêteur sur l'affaire, chef de la section financière du parquet de Paris, a été assassiné lui aussi un mois plus tard.
Au lieu de se concentrer sur une affaire qui a fait trembler la IIIe République et entraîné l'émeute du 6 février 1934 place de la Concorde le film s'égare sur l'exil de Trotsky en France, qui n'a vraiment aucun rapport avec Stavisky, probablement sous l'influence du scénariste et homme politique Jorge Semprun.
L'affaire était suffisamment intéressante pour ne pas y greffer des anecdotes qui n'apportent rien, tout comme l'apparition de Depardieu en jeune inventeur. A part ça le cadre intellectuel et politique de l'époque est bien planté et Belmondo, François Périer, Charles Boyer, Anny Duperey, Claude Rich, Michael Lonsdale sauvent quelque peu ce biopic romancé.