Thriller parapsychologique flirtant avec le trip demi-déclaré, Stay tient ses promesses. Structuré et réfléchi, il installe un climat paranoiaque avec soin et s'avère une réussite technique. Les auteurs emploient à bon escient leurs ambitieux atouts ; le résultat a une indéniable capacité d'envoûtement, défile sans heurts si est on est pas sensible. L'issue a de quoi laisser dubitatif sans pour autant choquer. C'est toute l'ambiguité de Stay, produit lisse et méritoire.
Ce programme n'a pas la bêtise ou la niaiserie écrasante de K-Pax ou Mr Nobody, deux mélos SF immensément appréciés ; il n'est pas forcément moins grossier sur le fond, mais se montre plus avisé et mesuré dans l'exécution, au lieu d'étaler sa malice et se polariser philosophiquement. Mais si Stay esquive la guimauve et le pensum, il se prive également d'un grand décollage. Ce programme ne manque pas de sophistication, mais de hauteur.
Il joue habilement avec des artifices ouverts, ne prenant pas le spectateur pour un idiot, mais le prenant par la main pour une manipulation consentie. Le déluge d'effets et de petits tours peut passer pour tape-à-l’œil mais frappe plutôt par son humilité. Stay a été fabriqué dans une optique de divertissement pur ; d'une pureté frisant la sécheresse. Il demande au spectateur de mettre une conviction dans une mécanique abondante mais pétrifiée. La performance de Ryan Gosling égaie cette séance d'une raideur placide à toute épreuve.
https://zogarok.wordpress.com/2020/05/02/stay/