Après avoir été déçu par Madame Claude, je voulais quand même voir ce qu'avait pu donner Sylvie Verheyde derrière la caméra auparavant.
Et Stella est un film tout simplement touchant et dont transpire une certaine vérité, même si une frange du public a dû hurler à l'énième drame social à la noix, alors qu'il n'y a rien de plus populaire que de parler d'une gamine issue du peuple.
On retrouve la voix-off qui avait une place importante dans le déroulement de Madame Claude, mais ici c'est bien mieux géré. L'image n'est pas très propre, comme la vie de Stella, qui rentre en sixième dans les années 70. Ses parents ont un café. En dehors du collège, elle passe donc sa vie au café de ses parents, entourée d'alcooliques notoires, avec des dérapages récurrents, et des parents débordés. Débordés par leur boulot d'une part, mais débordés dans leur vie sentimentale aussi. Entre un Benjamin Biolay passif et aux yeux vides et une Karole Rocher au contraire très speed et qui ne se laisse pas marcher sur les pieds, on comprend que leur couple se tasse.
Stella, elle, vit sa vie comme une jeune moyenne, pas bonne à l'école tout en se faisant discrète, et va faire la connaissance de Gladys. Elle a plus de chance dans la vie, a un bagage culturel bien plus important et a de meilleures notes. Et ça, c'est plutôt réaliste : on rencontre à l'école des gens plus riches ou plus pauvres que nous. On apprend alors comment ils vivent, ce qu'ils font en dehors des cours, et on découvre qu'ils sont très différents de nous. Mais on va essayer de ne pas les laisser tomber pour autant, comprendre l'autre pour mieux grandir.
Je crois que ce que j'ai beaucoup aimé avec ce film, c'est qu'on voit une enfant qui va entrer dans l'adolescence, mais on la voit vivre sa vie cette gamine. Des fois elle s'ennuie avec sa copine du Nord qu'elle peut voir quand elle est en vacances chez sa grand-mère, elle va vivre sa première boum, va passer au tableau et se planter. Tout ça, ce sont des éléments qui vont permettre au spectateur de se reconnaître en elle.
Mais il ne faut pas oublier que comme elle est au centre du film, la réalisatrice va prendre en compte la singularité de sa situation. Quelle est sa relation avec les clients de ses parents ? Des gens bienveillants, des vicelards, des beaufs ? Il y a un peu de tout ça et j'ai trouvé ça plutôt bien mis en image.
En bref, j'ai beaucoup aimé, je ne mets pas une grosse note parce qu'objectivement ce n'est pas le film du siècle, mais j'espère sincèrement que la réalisatrice va bien pouvoir sortir la suite du film, Stella est amoureuse.