Fin des années 1970, entrée en 6ème : pour Stella c'est le choc, elle qui ne connaît dans son café ouvrier bruyant et poisseux que la face instinctive et marginale de la vie, ces êtres en détresse avinés et solitaires venus chercher un peu de chaleur humaine.
Catapultée dans un lycée parisien bon chic bon genre, seule, étrangère à ce qui l'entoure, à ce monde trop lisse trop calme, trop policé, contaminée par une violence qu'elle ne contrôle pas, la fillette rejette d'abord de toutes ses forces le moule du savoir et de la bienséance, s'agrippant désespérément à ses différences.
La réalisatrice qui parle de son parcours personnel, décrit un monde dur, violent, loin de l'enfance, où les seuls points de repères de Stella sont les bagarres et les rixes, les insultes et les cris dans ce café où elle vit et passe, proche et lointaine.
Entre un père à la dérive, patron de bar un peu dépassé, triste ou goguenard, et une mère infantile et instable : Benjamin Biolay et Karole Rocher très justes, la petite Léora Barbara incroyable de vérité nous touche, déterminée, fragile et mystérieuse à la fois.
Sa chance, ce sera d'abord la découverte de l'amitié, puis la découverte des mots par le biais des livres, celle des belles choses qui aident à vivre, et petit à petit ses mots à elle.
Un film émouvant et vrai sur fond de tubes des années 1970 lesquels marquent l'évolution de Stella, une évolution qu'elle traduit ainsi : "Je vais loin...Je suis loin...Je ne veux pas en rester là mais c'est ma voix".