Ils nous enlèveront jusqu'à notre nom : si nous voulons le conserver, nous devrons trouver la force pour que derrière ce nom, quelque chose de nous subsiste.
Si c'est un homme, Primo Levi
Ce que souligne avec force le témoignage de Levi au travers de son expérience des camps de la mort, c'est avant tout que la nature humaine cache en son cœur une noirceur pouvant obliger n'importe qui à devenir l'ennemi d'un autre.
Tout au long du roman, on comprend alors que la pire horreur qu'ait pu commettre le régime nazi aura été de contraindre des Juifs à trahir les leurs contre n'importe quoi pouvant les rattacher à l'existence une minute de plus. En ça, le métrage Stella, Une Vie Allemande témoigne avec pertinence d'une parcours de vie d'une Juive parmi d'autres, contraintes de dénoncer les siens afin d'éviter la mort.
Après une première partie évoquant la candeur du personnage et son déni face à une menace aux portes de Berlin, l'ensemble baignant dans un quotidien de jazz et d'espoir américain, la réalité rattrape vite Stella. Face à l'horreur et à la torture, cette femme dévoile un comportement ambiguë, laissant planer la question tout du long : est-elle victime, ou coupable ?
Cette contrainte et la complexité de jugement en font l'une des forces du film, d'autant que sa réalisation dynamique en caméra épaule contribue à sortir le spectateur de la possible torpeur que laisse présager la deuxième partie, plus lente.
La question n'étant finalement pas de juger, mais bien d'observer et de comprendre les motivations pouvant pousser aux pires abominations un être humain, comme le soulignait déjà Primo Levi de son temps.
Ce qui a eu lieu est une abomination qu'aucune prière, aucun pardon, aucune expiation, rien de ce que l'homme a le pouvoir de faire ne pourra jamais réparer.