Il y a une chose qu'est certaine : Steve Jobs est un génie.
Une fois ça dit, dit et redit, j'ai bien aimé Jobs, la version avec Ashton Kutcher, et je me demandais comment Danny Boyle allait embellir cette histoire, qui est celle d'un homme torturé, qui, par son génie et son désintérêt total concernant l'image qu'il reflète, laisse une trace dans la société d'aujourd'hui, qui ne peut simplement pas être ignorée.
J'avais des a priori plutôt négatifs sur le film, je me suis dit que Fassbender, avec son regard et son aura de "méchant" et j'ai bien mis ça entre guillemets, allait pouvoir montrer le contraste entre un homme têtu comme une mule, et un père de famille qui "devient gentil", chose reflétée dans le biopic avec Kutcher.
Ce qui est beau dans cette adaptation, c'est le thème caché. Toute l'histoire tourne finalement autour de la relation entre Steve et sa fille Lisa.
On a trois époques dans ce film, un échec, un autre échec, et sa plus belle réussite. J'ai appris dans mes cours de scénario une méthode scénaristique qu'on peut nommer AAA', qui montre quelque chose, qui la répète et qui la modifie finalement. Et c'est en écrivant ça, que je vois que toute l'intrigue tourne autour de ça : de ces deux échecs, de ces deux époques où il n'en faisait qu'à sa tête, où il était coincé dans ses croyances, où il était dans le déni total. Il ne cherchait pas à connaître la vérité, il était persuadé que sa fille n'était pas la sienne, qu'il était seul contre tous. Et le contraste avec ce 3ème acte, où il prend conscience qu'il n'a jamais été un bon père, qu'il avait tort, qu'il avait des alliés depuis tout ce temps, c'est d'une fulgurance, et c'est là qu'on reconnait l'écriture d'Aaron Sorkin.
Quand je vois que sur SensCritique, ce film a seulement 1,4 point au-dessus de Power Rangers, qui est sûrement le pire film que j'ai jamais vu, ça me fait rire jaune.
Le montage de certaines séquences m'a vraiment laissé sur le cul, tout est calculé à l'avance, les raccords flashback sont précis, et les souvenirs de sa fille sans cesse, nous font vraiment rentrer dans la tête de cet éternel incompris. Je comprends que ça ne puisse pas plaire, dans le fait que finalement, et bien, Steve Jobs n'était pas un connard et qu'il gagne à la fin, même si c'est quelque chose que je réfute, parce que la fin ne reflète pas le film, elle ne fait que contraster son histoire, refléter la maturité qu'il a pris.
Bravo, M. Boyle.