Ah les biopics, surement le genre le plus en vogue à Hollywood, et pas que, impossible de compter combien pourrait y'en avoir, pratiquement toutes les célébrités et gens connus y passent, qu'ils soient acteur, chanteur, sportif ou même concepteur informatique. Mais au delà de ça, la mode est désormais au double biopic, après Mandela, Saint Laurent et j'en oubli sans doute, c'est au tour de Jobs.


En effet, trois années après le très classique voire même académique mais non moins intéressant Jobs de Joshua Michael Stern, le célèbre père du Mac mais surtout de l'outil révolutionnaire de ces dernières années, l'Iphone, est une nouvelle fois placé sur le devant de la scène. Le très grand David Fincher devait initialement en être le réalisateur et Christian Bale l'acteur principal, mais les deux ayant quitté le projet pour diverses raisons, c'est finalement un autre grand réalisateur Danny Boyle qui se placera aux commandes, trois ans après le très jouissif Trance.
Pour se glisser dans le pull à col roulé noir du concepteur et fondateur d'Apple, bon nombres de noms sont passés sur la table, allant de Bale comme dit plus haut, en passant par DiCaprio, Damon, Affleck et j'en passe encore quelques uns, c'est finalement l'exceptionnel Michael Fassbender qui gagnera la course.


Malgré un projet qui a connu des difficultés à se faire, c'est bien simple on aura pu l’appeler "le projet girouette" tellement tous les principaux éléments du film changeaient quasiment à chaque semaine, c'est au final arrivé jusqu'à nous, et même jusqu'aux oscars, un beau chemin de parcouru donc.
Que raconter alors que le précédent film Jobs n'avait pas raconté ? Et bien simplement ses gros différents avec son ami Steve Wozniak, ou avec son directeur John Sculley, tout comme et c'est surement le sujet principal du film, avec sa fille qu'il n'a tout d'abord pas reconnu Lisa.
Nous suivons donc les relations intimes du soi disant génie à travers trois moments clés de sa vie, et ce dans les coulisses des lancements de nouvelles machines. Ce qui peut donner un sentiment de boucle, que le film tourne en rond, on ne voit pas vraiment le monsieur dans sa vie de tous les jours, mais ici c'est bien les sentiments et le caractère condescendant du créateur qui prennent le pas, comme une sorte de huis clos des quatre vérités. Mais ça ne m'a pas gêné plus que ça même si je me suis fais la remarque, le film est en lui même très bien construit et prenant, ça cause à toute vitesse donc faut s'accrocher pour suivre les sous titres, car vu en vostfr bien sur, mais c'est vraiment intéressant à suivre. De même qu'il n'est pas ennuyeux, il en deviendrait presque touchant lors de certaines scènes même, et puis la mise en scène est remarquable. Rien que ces idées d'incruster des vidéos et des textes sur les murs du bâtiment ou sur l'image carrément, on ressent vraiment la patte de Boyle, tout comme à travers certains cadrages penchés si esthétiques. La photo sublimée par un grain lors des premières séquences et qui s'épure peu à peu ajoute un plus indéniable à mes yeux, la musique quant à elle accompagne parfaitement le tout également, de par des bruits faisant directement penser au monde de l'informatique et suivant un rythme soutenu.


Pour ce qui est du scénario, chose dont on aura clairement entendu parler, il est signé de la main de Aaron Sorkin, scénariste de l'encore plus mémorable The Social Network de Fincher du coup, ou encore du Stratège. Autant dire que le gars n'est pas un manche et qu'il sait magner les textes, ainsi que de rendre les personnages crédibles, tout comme il est capable d'effacer un sentiment de clichés académiques.
Pour ce qui est du casting, toujours un point central des grands films, on se retrouve donc face à un Michael Fassbender transformé et métamorphosé, gestuelle et voix principalement, épatant comme il l'est la plupart du temps. Pour ce qui est du reste des acteurs, ils ont pour certains beaucoup travaillé avec l'aide des vraies personnes, comme Kate Winslet qui a même pu porter de vieux vêtements de Joanna Hoffman, Seth Rogen et Michael Stuhlbarg ont également eu la chance de côtoyer les véritables Steve Wozniak et Andy Hertzfeld. Katherine Waterston et Jeff Daniels comblent le casting, ce dernier à d'ailleurs déjà bossé sous les textes de Sorkin pour la série The Newsroom. Inutile de préciser qu'ils sont tous d'une justesse incroyable.


En bref, Boyle signe un biopic ambitieux loin du classicisme trop souvent de mise, tinté de quelques touchettes d'humour en plus, ainsi que d'une histoire peu connue sur le célèbre Steve Jobs, rendue très intéressante par un scénariste de talent.

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le 5 févr. 2016

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