J'aime beaucoup Steve McQueen moi aussi. L'acteur a bercé mon enfance et donné le goût du western pour toute une époque bénie. Du film d'horreur The Blob à la série Au nom de la Loi et la suite à venir des années 70, qui le propulsera au statut de star il n'a pas que des chefs d'œuvre à son actif, comme tente de nous le faire croire ce documentaire - La tour infernale, ou Le chasseur - mais l'acteur est connu pour ses bonnes idées (La grande évasion et ses rajouts de scènes motorisées,, Bullitt et sa mise en scène parfaitement chorégraphiée de la fameuse course poursuite, son expérience dans la marine pour La canonnière du Yang-Tse ou ses caméras embarquées dans son propre film Le Mans, qui reste aujourd'hui encore un modèle malgré son échec). Mais l'exercice restera en surface du métier d'acteur et du cinéma, pour peu que l'on ait déjà quelques docus à son actif.
Rien de bien transcendant donc dans ce portrait de l'acteur en à peine 1h40 qui semblera pourtant bien longue. Jeff Renfroe aligne les poncifs à sa gloire, tout en marquant le tempérament d'un homme tourmenté, qui effritera un peu le mythe de la cool attitude. Toute la force d'un personnage finalement en retrait et son caractère belliqueux trouvent ici quelques réponses mais sont cantonnées à la simple anecdote, expliquant peut-être sa haine pour Paul Newman, ou ses ruses pour voler la vedette à Yul Brynner ou de ses refus pour certains rôles (Vol au dessus d'un nid de coucou, ou Apocalypse now) préférant s'éloigner des projecteurs et se consacrer à sa passion des bolides, venant confirmer son narcissisme après quelques échecs.
Interviews redondants, ex-épouses nostalgiques- et même fantasme d'une parfaite inconnue – pour un hymne au père de famille aimant et tête de mule, à l'amant doux mais peu commode. Tous l'adorent et le trouvent fabuleux. Il est beau et musclé, il a de beaux yeux bleus, et aura envoûté les foules par son charisme, mais ce n'est pas la mise en scène qui va accrocher l'œil. Filmant en gros plans les intervenants souriants aux regards brillants et aux phrases toutes faites qui ne rendent pas hommage à l'acteur, passant à des images d'archives ou films amateurs familiaux, ou encore à un florilège de ses acquisitions motorisées, tout ceci, sans passion ni grande émotion.
Avec Norman Jewinson, seul metteur en scène interviewé pour l'occasion, on remarque aussi que peu d'acteurs sont invités hormis Pierce Brosnan et Gary Oldman, qui donnent une curieuse sensation de redite et il faut bien le dire aux discours empruntés.. Exit Dustin Hoffman ou Faye Dunaway pour nous parler de leur expérience, des scènes particulières ou de l'homme qu'ils ont connu et du cinéma... seul Robert Vaughn répond à l'appel, et encore. Tout comme Zoé Bell qui nous permet de vérifier qu'elle aime beaucoup elle aussi les voitures et les yeux de l'acteur, à défaut de nous parler du métier de cascadeur, autre compétence reconnue de McQueen.
Reste alors la forte impression que les intervenants n'ont finalement pas grand chose à dire et qu'il vaudra mieux se faire plaisir en revisionnant ses films et en laissant de côté la vie intime de l'acteur.