Une ville de 2000 ans démolie en deux ans

Jia Zhang-Ke, décidément un cinéaste qui me fascine, trouve ici le cadre parfait pour mettre en place son cinéma, une ville de 2000 ans démolie en deux ans.


Le principe de base du film est assez similaire à celui de Xiao Wu, artisan pickpocket : des personnages étant, ou étant devenus, étrangés à un lieu dans lequel ils reviennent, tout en y étant intimement liés. Faisant ainsi d'eux des témoins privilégié de l'évolution de la société chinoise, au travers des microcosmes qu'ils (re)découvrent.


Que ce soit la métaphore qu'impose le principe même de ce lieu voué à la noyade ou les personnages que l'on y croise, tout nous montre subtilement la même chose, une Chine dont le peuple avance à taton sur la voie d'un changement qu'on lui dit grandiose et tout tracé, une société qui détruit aveuglément ses fondements millénaires sans trop savoir quoi construire sur ces futurs décombres.


Mêlant habilement fiction et documentaire, Still Life offre, en plus de son discours, d'autant plus fort qu'il n'est pas asséné au gourdin, des moments de grâce multiples, surprenants de puissance contenue.

ZayeBandini

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