Hirokazu Kore-Eda, réalisateur du très bon « Nobody Knows », revient en 2009, avec une nouvelle référence du genre : « Still Walking ». Il s'introduit dans l'intimité d'une famille japonaise et de toutes ses relations diverses et compliquées. Dans ce film, un couple de septuagénaire, afin de commémorer le décès de leur fils aîné, réunit comme chaque année leurs deux enfants restants, Ryota et Toshiko et leurs familles respectives. Nous nous glissons alors dans le récit de 48 heures de vie d'une famille à la fois commune et particulière.
En lisant ces premières lignes, on se doute déjà qu'il ne s'agit pas ici d'une fiction efficace et rapide, mais d'un film réaliste lent. Les scènes de vie se succèdent sans autre prétention que de nous délivrer des interactions entre des personnages réalistes, aux tempéraments marqués, des personnages particulièrement touchants, parfois crus.
Les acteurs excellent en ne tombant jamais dans une interprétation excessive. Mais si ce film prend une autre dimension, c'est grâce aux choix effectués par Kore-Eda concernant la mise en scène et la constitution des dialogues eux-mêmes. Il détient sans conteste une manière particulière de filmer. Il se veut neutre et détaché, afin de nous retransmettre avec légèreté un récit loin de l'être.
Ce qui impressionne, c'est également l'universalité de cette œuvre. On peut se reconnaître dans ces personnages, pourtant géographiquement et culturellement éloignés, comme s'ils étaient nos parents, nos frères et sœurs, nos amis. Certaines scènes nous transpercent et viennent toucher nos sentiments les plus profonds. Comment ne pas être bouleversés par cette vieille dame, qui ne vit plus que pour le souvenir de son fils ? Elle se veut d'un côté bienveillante, et de l'autre, elle est capable de dire les vérités les plus crues, celles que personne n'ose dire. Je la prends comme exemple, mais j'aurais également pu parler d'autres personnages, qui chacun, apportent une pièce à ce puzzle compliqué. On traverse et on sort de ce film en se questionnant sur l'amour, sur la haine, sur les relations humaines. C'est superbe !