Uwe Boll. Ce nom au départ si anodin a pourtant fait très rapidement son petit bout de chemin et est parvenu jusqu'aux oreilles des cinéphiles comme une trainée de poudre. D'abord petit réalisateur de séries B allemandes, il a vite fait parlé de lui avec ses innommables adaptations de jeux vidéos toutes plus foireuses les unes que les autres. Entre temps, le metteur en scène prétentieux et incompétent a tout de même réussi à s'imposer avec son mauvais goût et son outrance sans limite. On a pu donc pleinement apprécier son savoir-faire avec des œuvres plus personnelles comme le film de guerre intimiste Tunnel Rats et plus récemment le drame ultra-bourrin Rampage.
Enchainant comme à son habitude au minimum deux films par an, Uwe Boll s'est désormais fabriqué une petite carapace qui lui permet de continuer à filmer sans gêne aucune. Et voilà qu'il sort en 2009 un nouveau petit drame tiré d'une histoire vraie, récente et horrible, celle de trois prisonniers du centre de détention de Siegburg en Allemagne qui ont tour à tour poussé leur codétenu à se suicider après un nombre importants de sévices inhumains. Ce drame nommé Stoic est sans aucun doute son meilleur film à ce jour. Peut-être parce qu'il est très sobre, très intimiste et surtout très humble.
Mettant en scène quatre acteurs très convaincants (dont un Edward Furlong méconnaissable), Boll ne se loupe pas : il filme une simple partie de poker tournant vite au carnage corporel pour le jeune Mitch qui subit donc humiliations, viol et tabassage sans état d'âme. Le long-métrage est glauque, simple, tourné entre quatre murs gris glacés, entrecoupé de séquences d'interview de chaque prisonnier expliquant progressivement leurs versions des faits. La quasi-totalité des dialogues étant improvisés, on se voit directement projeté avec conviction dans le vif de l'action, autant avec dégoût qu'avec admiration pour le travail de Boll. Un film impressionnant donc, de par son interprétation, sa simplicité, mais aussi et surtout son efficacité.