Ce thriller néo-noir d'atmosphère (au sens où l'ambiance générale l'emporte sur la narration) me donne l'impression que le cinéma britannique des années 80 de ce registre est doté de particularités et d'une homogénéité qui m'avait échappé jusqu'à présent. Assez spontanément je rapprocherais "Stormy Monday" d'autres films de la période / du registre comme "Mona Lisa" ou "Racket - Du sang sur la Tamise (The Long Good Friday)", les deux comptant Bob Hoskins dans le casting mais ce dernier étant clairement supérieur. En tous cas des films qui font état d'une Angleterre déliquescente, pénétrée par la mafia et par le libéralisme croupissant à la Thatcher.


Une singularité supplémentaire s'ajoute ici chez Mike Figgis, à l'occasion de son tout premier film (il partira faire carrière aux États-Unis par la suite), puisque le récit fait s'entrechoquer deux pôles anglo-saxons à l'occasion d'une fête américaine à Newcastle : ainsi verra-t-on des émanations du continent nord-américain comme Melanie Griffith et Tommy Lee Jones, la paumée et le mafieux, mêlées aux gens du coin, Sean Bean (le protagoniste, pas tout à fait dégrossi) et Sting (propriétaire d'un club sous pression de rachat). Tout ce beau monde se retrouve lié au creux d'une ambiance pas désagréable, à défaut d'intrigue vraiment consistante, avec ses zones curieuses — le festival américain en Angleterre qui fait cohabiter les portraits géants de Ronald Reagan et de Margaret Thatcher.


Les rencontres sont inattendues, l'ambiance de ville industrielle anglaise dégouline constamment, comme contaminée par un culte des États-Unis, et les magouilles s'enchaînent inlassablement, entre intimidations et menaces brutales. Il y a un petit côté daté "années 80" qui se fait ressentir de temps en temps, des effets de style un peu douteux, mais disons que cela participe au cachet de son époque, et en un sens ce n'est pas le plus dommageable en regard de la minceur du contenu. Et au milieu, un groupe de free jazz polonais.

Morrinson
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le 10 févr. 2024

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