David Cronenberg a fait des petits ! Bon ça vous le saviez déjà puisque son fiston s’est essayé au genre avec le sympathique Antiviral, mais hélas depuis le paternel il y a eu un immense vide, comme si personne ne semblait vraiment vouloir s’intéresser au domaine des mutations. On a certes bien eu Bad Biology, mais cela reste trop peu, surtout lorsque l’on en est amateur. Chad Michael Ward a donc décidé de nous fournir avec son Strange Blood une sorte de réminiscence du genre, pour ainsi dire enterré avec les années 80. Réminiscence ou simple pastiche ? Le débat serait long tant Ward est à la fois capable d’inventer tout en singeant presque scène par scène La Mouche. On retrouve comme avec Seth Brundle l’expérience qui tourne mal, sa mutation progressive, l’envie de répandre sur l’humanité un sérum d’immortalité, et même la scène de sexe qui tourne mal, tout cela sans parler du final qui ne réservera aucune surprise. Un constat pas folichon, et ce qui vous braquera encore plus c’est que les choses mettent un temps fou à arriver, seul le dernier tiers se révélant réellement intéressant, en plus d’être sublimé par un travail visuel qui fait profondément contraste avec le reste. A fortiori, Ward, probablement figé dans un budget anorexique, fait preuve d’une frustrante timidité, car hormis les dents pourries le protagoniste ne subit par de mutations visibles de l’extérieur, et l’on éludera le laboratoire qui fait honteusement toc.
C’est fort dommage, car Robert Brettenaugh, qui incarne ici le scientifique, est particulièrement bon dans son rôle, surtout lorsque sa transformation s’entame, livrant même un long monologue fort savoureux et très poignant. A contrario Alexandra Bard est beaucoup plus en dents de scie, elle endosse à la fois les rôles d’assistante, de petite amie, de confidente, de suspecte des disparitions, un nombre faramineux de casquettes dont certaines lui vont très bien, alors que d’autres absolument pas.
Strange Blood est un film qui se laisse regarder mais qui déçoit si le niveau d’attente était élevé, la faute incombant à une prise de risque minimale, nous resservant a peu de choses près, mais en beaucoup moins bon, La Mouche de David Cronenberg. Hélas n’est pas Cronenberg qui veut, tout comme l’époque n’est plus la même, moins permissive dans la performance cinématographique.
Critique