Conclusion de la pentalogie Stray Cat Rock, Beat 71 porte bien son titre : on y suit les tribulations d'une bande de beatnicks désœuvrés (pléonasme, et hérésie suprême au Japon) qui, lassés de fumer du teush (seconde hérésie suprême) dans des friches et de vivre de rapines, décide d'enfourcher leur tandem à 5 places pour aller porter secours à leur consœur (Meiko Kaji, magnétique bien entendu). Cette dernière a en effet porté le chapeau (!) d'un meurtre de motards et n'a d'autres choix que de s'échapper de prison pour retrouver son amour qui lui a pourtant tourné le dos, pressurisé par un père potentat politique d'un petit bled de montagne. Mais la confrontation entre les braves gens et les marginaux ne saurait se résoudre à coups de chansons hippies sur l'amour et la subversion.
A l'image de la série, le film joue vraiment de son ambiance "jeunesse en déshérence", sans toutefois porter de jugement critique ni idéalisant sur leur mode de vie. Le reste des protagonistes n'est pas foncièrement meilleur, les villageois apparaissant obtus et réactionnaires, tandis que les motards sont montrés comme des chiens de garde d'une élite politique corrompue à la petite semaine. Le dernier acte est assez sidérant de violence avec un dénouement très nihiliste, assurant toujours un fort contraste entre la torpeur guillerette du corps de métrage et le pessimisme final.
En bonus, on retrouve Julien Sévéon qui met également en lumière un élément très provocateur de Beat 71 pour le Japon de son temps, et qui peut ne pas être perçu par un public moderne, à savoir que l'enfant de la bande est élevé par des hommes. Que d'hérésie, donc.