Le cinéma d'exploitation japonais des 70's réserve toujours son lot de surprise : tu viens voir des jeunes délinquantes se bastonner à coups de schlass et tu te retrouves avec une dénonciation sociale du racisme anti-métis. Sex Hunter démarre pourtant dans l'exubérance attendue, avec une Meiko Kaji chef de bande au look proto-Femme Scorpion, qui, entre deux mauvais coup, rencontre un bourlingueur solitaire à la recherche de sa sœur dont il a été séparé dans son enfance.
Mais rapidement, le film bifurque vers les exactions d'un gang de voyous nationalistes bien décidés à restaurer l'honneur d'un Japon humilié en ratonnant les métis d'union américano-nippone, appelés les halfs, pour les contraindre à quitter la ville. La justification de protection des jeunes femmes locales révèle les fantasmes de domination sexuelle par l'occupant, si ce n'est par les donzelles elles-même alors en cours d’émancipation, et le vécu d'impuissance castrée des perdants (au sens propre du terme pour le charismatique chef de gang) dans une sorte de perpétuation trans-générationnelle des traumas de la défaite. Les contradictions de ces auto-proclamés patriotes sautent pourtant aux yeux alors qu'ils se nomment les Eagles, roulent en jeep, fréquentent des clubs et n'hésitent pas à commercer avec les Américains, jusqu'à démontrer leur propre médiocrité en prostituant leurs protégées à des expatriés US sans scrupule.
Sex Hunter offre donc au spectateur un casting bigarré assez rare, avec de nombreux métis dont plusieurs afro-américano-nippons (estimés à 20.000 pour 200.000 halfs selon Julien Sévéon dans son interview bonus), dont les rôles montrent les authentiques tourments que ceux-ci ont dû traverser. La musique yéyé psychédélique est produite par un véritable groupe de musique, les Golden Halfs, uniquement composé de métis qui ont droit à plusieurs séquences, et elle sied bien à l'ambiance 70's du film. Le réalisateur, Yasuaru Hasebe, déjà impliqué dans d'autre film de la série Straycat Rock, pousse la critique sociale jusqu'à un final quasi-nihiliste, bien éloigné des élans optimistes du flower power.