J'ai eu un peu peur.
Peur que le parti pris du réalisateur (à fond pour le jeune Cory Booker) transforme le projet en pur film de propagande (tout film est propagande à une certaine échelle) sans recul. C'est un peu le cas, le portrait du jeune prétendant est un poil trop lisse tandis que son adversaire est montré comme un sale type, et même lorsqu'on s'attarde sur ses bonnes œuvres, c'est pour vite montrer l'envers du décor... Ce qui est intéressant avec ce documentaire, c'est de suivre pleinement le déroulement, de voir à quoi sont prêts ceux qui veulent gagner. Il est dommage que Rory ne soit pas moins 'parfait', car lorsque vient le moment de savoir si on va rabaisser ces élections et amener sur la table des dossiers sombres de l'adversaires, il refuse... en partie parce qu'il sait que le retour de bâton sera violent, mais aussi pour être droit. Et c'est un peu dommage, j'aurais vraiment préféré qu'on voit le combat acharné entre deux adversaires prêts à franchir les limites de l'inacceptable.
Les intervenants sont sympathiques, mais le réalisateur ne parvient pas à les faire sortir de leur cocon, à les faire parler plus, à être moins dans l'accusation et la confession superficielles. Mais ils restent intéressants. De plus, la caméra est toujours bien située et au niveau du montage, le réalisateur a gardé les bons moments, ceux qui permettent d'appuyer son propos (Sharpe James qui ne veut pas du réalisateur dans les pattes - les policiers qui décrochent les pancartes).
Après, il faut bien se dire que le réalisateur a décidé de défendre Cory, ça manque de neutralité et de décence (Cory pourrait presque être comparé au Christ) ; il faut donc prendre avec des pincettes ce que l'on voit (la scène où les flics décrochent les pancartes, ça fait bien au niveau de la narration, mais il faut se demander quand ces images ont été tournées etc. ; c'est peut-être vrai, même probablement a vu du portrait dressé, mais il vaut mieux toujours rester au moins un peu sceptique).
Bref, ça se regarde. Ce n'est pas assez nuancé, pas assez dingue dans la manière de montrer à quel point Sharpe peut être 'méchant' tandis que le portrait de Cory est un peu trop lisse (ou pas assez si on veut vraiment faire un truc manichéen mais dans ce cas faut être beaucoup plus radical), mais c'est intéressant de voir les coulisses d'élections.