Street Trash restera comme l'un des fleurons du cinéma gore des eighties et de toute cette vague horrifique et burlesque qui va de Evil Dead 2 à Toxic Avenger en passant par Bad Taste ou Basket Case. Le film restera également le seul long métrage de Jim Muro depuis devenu technicien reconnu et immense spécialiste du steadycam pour des films tels que Casino, Titanic, Danse avec les loups, Les Doors, Terminator 2 , Heat , Abyss ou Strange Days bien loin de l'univers de son premier film. Le bonhomme semble même avoir totalement rejeté son sale gosse de film comme on tente de masquer une flatulence malheureuse dans un dîner des Oscars . Il faut dire que Street Trash est un film poisseux et sale qui sent les pires fluides corporels et impose aux spectateurs une épreuve physique assez nauséabonde bien que toujours contrebalancée par un humour bête et méchant.
Street Trash est la chronique d'un quartier des bas fonds de New-York avec une vieille casse automobile dans laquelle traîne des clochards crasseux sur lesquels règne Bronson un vétéran du Vietnam faisant office de roi des paumés. Dans cet univers dans lequel cohabitent les reclus de la société un marchand du quartier retrouve dans sa cave poussiéreuse un vieux carton de Viper un alcool frelaté datant d'on ne sait quand et décide de vendre les bouteilles aux clodos du coin. Plus qu'un simple tord boyaux, le Viper s'avère être un liquide entre le Destop et l'acide faisant se liquéfier et exploser les corps dans de grandes gerbes de couleurs bien dégueulasses.
Stree Trash est un film mal poli qui suinte la crasse et les effluves malodorantes jusqu'à travers l'écran au point de donner envie aux spectateurs d'aller prendre une douche après le générique de fin. Dans cet univers fait de médiocrité quotidienne et de violence permanente on trouvera donc des tas de clochards puants, des estropiés, un flic violent et analphabète ou encore un patron obèse et nécrophile. Le défaut principal du film de Jim Muro reste de proposer une improbables galeries de personnages tordus mais de ne jamais articuler son film sur un axe narratif bien défini. On passe donc de personnages en personnages, de sous intrigues en sous intrigues sans vraiment pouvoir s'accrocher à quoi que ce soit avec pour seule et unique liant ce fameux alcool explosif. Street Trash n'est pas un film à thèse sur les méfaits de l'alcool , sur les laissés pour compte de l'Amérique même si toutes ses thématiques peuvent transparaître d'un film qui prend surtout un malin plaisir de sale gosse à éclabousser le spectateur de sa folle énergie à sauter à pieds joints dans une grosse flaque de fange. Le film est bourré d'une certaine énergie comme une agitation permanente avec toujours un rapport très physique aux corps et des comédiens assez grimaçant et gesticulant sans trop de notions de la nuance.Le film est et demeure une bien singulière expérience.
Street Trash est surtout l'un des films emblématiques du gore des années 80 mais il reste aussi très particulier et unique dans son approche d'une horreur furieusement graphique dans laquelle les corps explosent et fondent dans des délires de couleurs improbables comme de véritables œuvres d'art et sans le moindre soucis de réalisme. Cet aspect donne un ton unique au film, à la fois drôle et novateur Street Trash comporte de nombreuses séquences gore inoubliables comme ce malheureux qui se liquéfie littéralement sur un chiotte. Plutôt orienté vers la comédie et le burlesque le film se fait parfois plus froid, brutal et dérangeant comme lorsque qu'une horde de clodos tels des morts vivants avides de chair fraîche saisissent une jeune femme pour un viol collectif fort heureusement non montré à l'écran. Street Trash souffle donc de son haleine fétide le chaud et le froid à la face des spectateurs passant d'une séquence de pure comédie trash comme la partie de rugbite à des moments ou le malaise se fera beaucoup plus palpable. Si ses faiblesses sont nombreuses et indéniables la force et l’originalité de ce film ovni demeure toujours intact plus de trente an après sa sortie.
Si vous avez le cœur bien accroché et les papilles pas trop délicate Street Trash reste un met de choix pour vous remonter l'estomac jusqu'au cortex.