Que voici un très sympathique nanar de guerre : John Slade (Frank Zagarino, monolithique) s'occupe du linge sale sous tous ses aspects, de la livraison du pressing du coin jusqu'à la destruction de potentats nicaraguayens. Il doit en effet sauver son vieil ami Maurice (John Phillip Law en mode à fond les ballons), journaliste freelance tombé aux mains de Sandinistes dirigés par un salopard de Soviet (pléonasme), le très moustachu Kariasine (John Steiner qui double la mise en fond de ballons). Une seule solution pour y parvenir, massacrer tous les figurants disponibles, y compris au lance-pierre de guerre (un moment fantastique).
Le maigre budget de la production n'empêche pas Castellari d'emballer proprement son film, assurant une réalisation propre (avec même une courte séquence en vue FPS) et un rythme décent : on ne s'ennuie jamais et on s'amuse beaucoup du surjeu collectif en contrepoint du style plus en dedans de Zagarino (mais c'est, nous dit-on, "un maitre dans l'art de louvoyer"). Les amateurs de lunettes solaires mange-visage seront ravis, comme les adeptes des considérations politiques nanars et du "tripatouillage de gouvernement". Perso, je me suis tapé un fou-rire lors de la scène de Chiquito, jeune paysan innocent que nos héros abandonnent sans aucun scrupule dans la merde noire qu'ils ont eux-mêmes déclenché. On ne t'oubliera jamais, petit.
Dans son autobiographie, Castellari explique que le film est une occasion de rebondir après la faillite de la Cannon qui emporte avec elle son Sinbad. C'est bien une petite production, tournée à Saint-Domingue, auprès de sa fille et de ses potes, dans des conditions plaisantes et sans trop de difficultés. Il manquera toutefois le budget pour finaliser la dernière semaine de tournage, rattrapée plus tard à Miami.