Avec Stripped, Yaron Shani conclut après Chained et Beloved une série de trois films consacrés à l'amour, ou si l'on veut être plus précis, à la douleur causée par l'absence d'amour.
Par son ampleur, la cohérence de son projet artistique et sa force évocatrice, cette trilogie d'impose comme un des moments marquants de 2020.
Comme dans les deux volets précédents, et même si ici le propos est un peu moins percutant et surprenant que dans les deux autres opus, c'est la capacité qu'a Shani de s'approcher au plus près des âmes qui frappe le spectateur. Ce sentiment de proximité extrême, on l'éprouve rarement au cinéma : Kieslowski, Cassavetes, Ceylan, dans des genres très différents, sont capables de faire naître ce sentiment.
Stripped est un double portrait destructuré qui nous bouscule et nous interroge. Il a même déclenché une polémique d'une rare bêtise sous la plume des Cahiers du Cinéma et des Inrocks, qui tentent de distinguer une intention morale au film, qui en est totalement dépourvu. Les intentions des deux protagonistes résultent d'un ensemble d'éléments qui dépassent la bien-pensance consensuelle pour nous faire approcher la complexité de l'âme humaine : un personnage principal n'a évidemment pas le devoir d'être sympa pour qu'un film soit intéressant.
Un immense réalisateur est en train de s'installer dans le paysage mondial, et c'est une bonne nouvelle.
http://www.christoblog.net/2020/10/stripped.html