Le courant néo-réaliste italien me plait beaucoup pour son côté épuré de tout artifice pour exposer une réalité d’après-guerre pas forcément glorieuse mais non dénuée d’humanité. J’avais beaucoup aimé Rome Ville Ouverte du même cinéaste, Stromboli prend le même chemin même si l’œuvre se révèle plus personnelle et intimiste que le film cité précédemment qui exposait plutôt une vision globale et était plus proche de la structure d’un film choral.
Ici Ingrid Bergman campe une réfugiée de guerre lituanienne qui tombe amoureuse d’un italien natif de l’île de Stromboli et qui se mariera avec lui pour vivre sur son île natale. Rosselini signe un drame fort, l’histoire d’une femme libre qui se retrouvera prisonnière de l’île mais aussi des préjugés et de la ringardise de ses habitants qui refusent toute once de progrès et d’évolution des mœurs.
Le film est très bien mis en scène et fait une part belle aux décors naturels de l’île qui se révèlent beau et très photogéniques. La grâce de Ingrid Bergman est sublimée par la réalisation de l’homme amoureux de l’actrice derrière la caméra, dans Vivre sa Vie, Godard avait réussi à faire la même chose avec Anna Karina. Bergman avait vraiment un charme fou, typique des contrées nordiques d’où elle est native. Sa beauté, son regard mélancolique, sa posture en font une des plus belles actrices de cinéma. Mais le film ne se limite pas qu’à son actrice principale. Outre le côté dramatique du film que j’ai évoqué avant, Stromboli évoque également le côté sombre de l’être humain et sa capacité inévitable à s’autodétruire et à se liguer dans cette destruction. La fin du film est magnifique également, un grand moment de cinéma. Je reprocherais peut-être au film son côté légèrement théâtral mais je garde un avis très positif du film qui m’a beaucoup plu, vraiment bien.