Chris Colfer. Ce nom ne vous dit peut être rien mais il est l'idole de beaucoup de jeunes fans de Glee. Mais avant d'être la figure gay de la série, avant même d'être un tant soit peu connu, le jeune homme avait écrit un livre. Avec le succès qu'on lui connait, il a réussi à se faire publier l'année dernière. Dans la foulée il a également co-produit le film, écrit le scénario, tout en s'offrant le premier rôle. Petit prodige ? Quand on voit ses autres travaux (deux livres pour ado, une série chez Disney en préparation) on se le demande. Son premier passage vers le grand écran n'est pas des moindres, puisqu'il s'est lancé dans l'adaptation de son propre roman la tête la première.
N'y allons pas par quatre chemin : Struck n'est pas une franche réussite et le film souffre de nombreux défauts. Le premier vient visiblement de son scénario et du développement de ses personnages. On y suit un jeune lycéen, Carson Philipps, mère divorcée, plus de nouvelles de son père, président du club d'écriture de son lycée où il y publie un hebdomadaire que personne ne lit et où personne n'écrit à part lui. Il est évidemment détesté de tout le lycée puisque considéré comme un loser. Le film s'ouvre sur sa mort, frappé par la foudre. On y suivra sa dernière année de lycée. Cliché vous avez dit ? C'est un peu le soucis, et il accumule au fur et à mesure du film : la cheerleader un peu pouffiasse, le quaterback très bête, la gothique sataniste, la fille tout en rose, la fashion et j'en passe. Il en va de même sur le message évoqué tout du long, le classique, usé jusqu'à la corde du "va jusqu'au bout de tes rêves quitte à aller à l'encontre des gens". La chose la plus étrange étant que le film ne semble pas réellement assumer ses clichés aussi bien dans le développement de ses personnages que dans le développement de l'histoire en elle-même (il meurt alors qu'il commence seulement à être heureux) mais tient un discours contraire, essayant tant bien que mal de se hisser à la cheville de ses semblables tel The Breakfast Club à qui il essaye -sans succès- de ressembler. En résulte alors un scénario avec constamment le cul entre deux chaises, oscillant entre le sérieux et le second degré dont il ne se sort pas une seule fois. A défaut d'accrocher le spectateur, il ne le perdra pas mais finira simplement par regarder sa montre.
On n'évoquera pas ici non plus la mise en scène inexistante de Brian Dannelly, inconnu aux bataillons. Le film a un rendu assez cheap -probablement dû à un budget restreint- et une réalisation de téléfilm. Il en est de même pour la majorité des acteurs qui font leur job sans grand intérêt, il faut le dire, la faute au scénario ne leur offrant pas de perspective de jeu assez incroyable (la cheerleader au regard de merlan frit, elle y arrive très bien) et Rebel Wilson y est toujours aussi insupportable. Cependant, deux personnes sortent leur épingle du jeu : Allison Janney (qu'on a pu voir dans Juno, American Beauty ou la série A la maison blanche) mais surtout Chris Colfer qui brille dans tous les plans où il apparaît (sois 95% du film). Portant le film à lui tout seul sur ses épaules, non seulement il apparaît terriblement impliqué dans la chose (surtout en comparaison aux seconds rôles) mais livre une prestation sans faute absolument excellente. Et heureusement qu'il est là, sinon on aurait presque pu retrouver le long métrage sur Disney Channel.
Plein de bons sentiments, peut être trop, Chris Colfer veut bien faire avec son premier long métrage. Véritablement investi dans le projet, sa prestation vaut à elle seule le déplacement. Le reste, on s'en passera facilement tant rien n'est à la hauteur de la chose.