L’originalité de Stubby dans le paysage de l’animation française tient à la carrière de documentariste historique de son réalisateur, Richard Lanni, qui investit dès lors la fiction à destination (principale) des enfants par le prisme de l’émotion et de la pédagogie, sans jamais sacrifier l’une sur l’autel de l’autre. Ainsi, l’horreur de la Grande Guerre apparaît dans toute sa brutalité, qu’il s’agisse des assauts menés sur le front ou des entraînements réalisés dans un cabanon rempli de gaz, contraignant les recrues à revêtir des masques à l’allure effrayante. La douleur est également portée par le dialogue, rarement explicatif, souvent juste, en particulier lors des échanges entre soldats à propos des femmes et familles laissées derrière eux. À cette reconstitution historique répond une approche sensible et comique tout entière incarnée en notre chien héros militaire, qu’aucune parole ne vient personnifier : le long métrage s’efforce de restituer l’animalité de Stubby sans le réduire à l’état de projection humaine, lui confère un capital sympathie qu’accompagne avec mimétisme la partition musicale de Patrick Doyle. Si l’animation semble parfois approximative ou mal dégrossie, si certaines ficelles scénaristiques s’avèrent prévisibles, reconnaissons au film de nombreuses qualités qui le distinguent du tout-venant des productions à destination privilégiée du jeune public.