Métro, casse et patins à roulettes

Subway fait partie, comme Le Grand bleu, sorti 3 ans après, de mes films-culte. On y retrouve tout l'univers décalé, onirique, coloré, poétique des premiers Besson, sans la violence qui marquera ses films suivants (Nikita, 1990; Léon, 1994; Le cinquième élément, 1997). Certes, Subway est un polar mais on a plus l'impression que c'est un prétexte qu'autre chose. Car, à part la scène où Fred (Christophe Lambert, cheveux décolorés et en pétard) meurt dans les bras d'Helena (Isabelle Adjani), l'intrigue qui fait que l'on classe ce film dans le genre des polars n'est qu'un prétexte à mettre en scène l'univers de Besson avec ses personnages déjantés et farfelus, qui vivent tous en marge d'une société qu'ils rejettent plus qu'elle ne les rejette.

Fred, invité à une réception mondaine par Helena, fait sauter le coffre non pour le dévaliser mais "parce qu'il n'aime pas les coffre forts". Manque de chance pour lui, il s'agit du coffre d'un malfrat et les documents qu'il y dérobe (sur lesquels on ne saura rien au cours du film) sont compromettants. Le malfrat lance alors à la poursuite de Fred ses chiens de chasse. Fred se réfugie dans le métro où il rencontre toute une série de marginaux (Richard Bohringer, en vendeur de fleurs, Jean-Hugues Anglade, en roller halluciné, une troupe de musiciens -parmi lesquels Eric Serra qui composera la musique du Grand Bleu et Jean Reno, en batteur fou). Mais il y a aussi Jean Bouise (que l'on retrouvera, tout aussi décalé, dans le Grand Bleu), Michel Galabru, en commissaire de police blasé, Jean-Pierre Bacri, en inspecteur demeuré...

Pour son rôle de Fred, Christophe Lambert obtiendra le César du meilleur acteur. Quant à Isabelle Adjani, sublime, elle aurait bien mérité le César de la meilleure actrice pour lequel elle n'a été que nominée. C'est la même Adjani, fragile et forte, de Pull marine chanson composée par Serge Gainsbourg et clip magnifique tourné par... Luc Besson en 1983.

Ce film m'a aussi fait penser à Diva de Jean-Jacques Beineix, sorti en 1981 (où l'on retrouve Bohringer) avec lequel il partage cet univers où le genre polar est aussi un prétexte à réaliser un film décalé et onirique (voir ma critique en date du 22/08/2009).

Roland Comte

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