Zack Snyder, pour ceux qui ne le savent pas, c'est le réalisateur des films cultes que sont 300 et Watchmen. Après Le royaume de Ga'Hoole qui s'était montré relativement moyen, on était impatient de pouvoir enfin admirer sa nouvelle production, celle-ci ayant déclenché depuis de nombreux mois un buzz sur la toile, et ayant qui plus est inspiré Ben Hibon, qui nous avait gratifiés d'un sympathique court-métrage.
Baby Doll (Emily Browning), héritière avec sa soeur de la fortune de sa mère qui vient de décéder, voit celle-ci se faire tuer par son beau-père qui compte bien s'accaparer ce patrimoine. Accusée à tort, elle sera envoyée dans un asile, puis lobotomisée, mais se lancera dans une quête pour se libérer, accompagnée de 4 autres filles également emprisonnée. Mais avant d'en voir le bout elles devront affronter un bestiaire aussi vaste que redoutable.
Difficile de croire que le réalisateur de Watchmen soit le même que celui qui ait réalisé ce culte de l'emmerdement. Oui, Sucker Punch est un film chiant, et ce à tous points de vue. Tout d'abord, son histoire n'est qu'une énième resucée d'Alice au pays des merveilles, et franchement, on en a marre. Quant au concept d'une Alice barge on l'avait déjà eu dans le jeu-vidéo American McGee's Alice. Si en revanche on essaie d'accorder un peu de crédit à Snyder pour la suite des évènements, on ne se rend compte qu'un peu plus du manque d'inspiration dont il souffre. Des dialogues pathétiques et involontairement parodiques, sombrant dans une niaiserie encore plus abrutissante qu'une conférence de Microsoft.
Si Snyder réussissait à donner une identité visuelle à son 300 et son Watchmen, en revanche il ne nous sert ici que du copié-collé de tout ce qu'il a pu voir dans la japanimation, dans le cinéma Steampunk, heroic-fantasy et autres cinématiques de jeux-vidéo. Du coup on se retrouve avec du Jin-Roh mixé avec du Capitaine Sky et le monde de demain et du Mutant Chronicles, le tout saupoudré d'une bonne dose de Final Fantasy IX, auxquels sont rajoutés quelques morlocks, histoire de bien puiser dans toutes les cultures, et afin d'ameuter le plus de monde possible, que le film soit bon ou pas. Snyder aimait ses combats dans 300, et il nous le fait savoir, sauf qu'à trop se regarder le nombril il réussit à nous rendre fous, nous faisant appréhender chaque scènes d'action, de peur qu'elle ne soit encore tournée au ralenti, et finalement égal au film lui-même, tournant aussi au ralenti.
Pas une fois le spectateur ne ressent une quelconque émotion, la faute à des personnages tous plus ridicules les uns que les autres, en particulier nos héroïnes, aussi crédibles qu'une bande d'escort-girls que l'on reverrait de voir dénudées, mais qui une fois les vêtements tombés nous donnent envie de vomir à cause de leur culottes de grand-mères. C'était bien la peine de nous faire un casting féminin, moi je préférais les mecs en slip de 300, quitte à ce que l'on dise que je suis gay.
Les plus mélomanes auront néanmoins un certain plaisir à entendre les douces mélodies de Björk, Jefferson Airplane, Queen ou encore des Pixies, mais c'est hélas bien trop léger pour sauver Sucker Punch de la mélasse dans laquelle il est embourbé.
Bref, Sucker Punch est ma plus grosse déception de ce début d'année, principalement car Snyder m'avait ébloui par le passé, or là il semble bien plus enclin à nous servir un produit commercial sans âme, aseptisé, loin de ce qu'il avait réalisé par le passé, et qui risque de lui coûter une bonne partie de ses fans (même s'il est certain que le film va exploser au box-office).
Pas très inspiré, il nous sert sa version d'Alice, en plus méchante, fusionnée avec Matrix et son pamphlet sur la perception de réalité. Un manque d'originalité dont peu, même Paul W.S. Anderson, en sont capables.
Pour conclure, les amateurs de trucs qui brillent comme une bimbo huilée et glossée apprécieront sans nul doute cette production, qui en revanche consternera ceux qui avaient déjà compris que le film paraissait trop beau pour être honnête.
Mention spéciale pour le travail des animateurs 3D, car même si ce qu'on leur a demandé n'était franchement pas original, reste malgré tout très bien rendu à l'écran.