Sucker Punch par Paul de Senquisse
Je suis assez fan de la façon dont Zack Snyder est capable de construire un univers visuel. J'avais adoré son adaptation du 300 de Miller, et celle des Watchmen d'Alan Moore. Ici, Snyder part en roue libre dans "son" univers.
Et la mayonnaise ne prend malheureusement pas. Graphiquement, c'est tout aussi excellent que les deux précédents opus (j'aurais même tendance à dire que c'est mieux puisqu'il y a des blondes, des nombrils, et des costumes d'écolières). En revanche, sans un bon conteur comme Miller ou Moore pour assurer une base solide à l'histoire, celle que nous pond Snyder est confuse, a un rythme complètement raté, et ne se contente qu'à finalement devenir un enchaînement de scènes graphiquement différentes mais sans réelle progression, comme différents niveaux d'un jeu vidéo pondu par un allumé plus obsédé par ses pixels que par son gameplay.
Certaines scènes vont beaucoup trop vite, d'autres sont beaucoup trop lente, l'idée de la "chute" a le mérite de s'écarter des clichés hollywoodiens mais elle arrive de manière trop abrupte et est mal exploitée. De plus, dans un film qui (SPOILER) finit plutôt mal, l'absence de justice poétique n'est pas masquée par le sort du geolier (car le vrai coupable, ce n'est pas lui), et la tentative de se servir du voiceover pour tenter un ça-finit-mal-mais-en-fait-ça-finit-bien style American Beauty est ratée et tombe à plat.
Bref, Sucker Punch vous allèche avec un trailer saisissant, mais au bout de 30 minutes de film on sait déjà que le soufflé va crever et se dégonfler dès la sortie du four. 5 / 10 tout de même, parce que c'est tellement réussi graphiquement que les images seulent réussissent à en faire un film moyen, mais c'est à peu près tout.
Ah, non, ce n'est pas tout : la bande originale du film, à base de reprises décalées de chansons de divers horizons, est fabuleuse. Mais là encore, cela ne rattrape pas la vacuité scénaristique. Dommage.