Vertigo, considéré comme l’un des deux ou trois meilleurs films réalisés par Alfred Hitchcock, est une œuvre profondément confessionnelle qui traite directement des thèmes centraux de son art. Ce film marie avec une harmonie presque unique l’éclat audacieux de Hitchcock pour les chocs psychologiques avec son génie élégant pour un style sophistiqué. À l’instar de Psychose, il se termine sur un "o", ou peut-être un "oh!".
La maison ancienne adjacente au motel Bates dans Psychose présente une similitude surnaturelle avec le sinistre hôtel McKitterick de San Francisco dans Vertigo. Ce parallèle souligne la capacité d’Hitchcock à créer des atmosphères oppressantes et mystérieuses, plongeant le spectateur au cœur des angoisses humaines. Vertigo est également l’un des grands films sur le cinéma lui-même, explorant la manière unique dont Hitchcock perçoit et manipule le médium.
Profond, pénétrant et insondable, Vertigo dépasse la simple perfection formelle pour devenir une œuvre d’art qui nous plonge dans un abîme émotionnel tout en restant immobile. Ce film est un abîme en soi, et nous continuons d’y tomber sans jamais atteindre le fond. Comme toutes les grandes œuvres d’art, Vertigo contient un élément irréductible et inexplicable, au-delà de sa simple ingéniosité et de son habileté technique. Cette étrange et frustrante histoire d’un homme hanté par ses obsessions reste insaisissable et refuse de se conformer à ce qu’elle n’est pas.
Chaque visionnage de Vertigo révèle de nouvelles facettes, laissant le spectateur aussi déstabilisé que Scottie, le protagoniste, qui se retrouve au bord d’un précipice. Hitchcock nous défie de sauter dans l’inconnu, préparant la fix ultime pour les cinéphiles : un film dans lequel se perdre complètement. Ce chef-d’œuvre riche et étrange d’Alfred Hitchcock captive du début à la fin avec des images remarquables et des performances exceptionnelles des deux protagonistes.
Une analyse thématique ne peut que gratter la surface de ce film extraordinairement dense et imposant, peut-être le film le plus personnel émanant du cinéma hollywoodien. La photographie de Robert Burks est exceptionnelle, et la partition de Bernard Herrmann offre l’une de ses bandes originales les plus effrayantes et percutantes. Vertigo a influencé de nombreux réalisateurs, dont Brian De Palma, grâce à son atmosphère onirique et son climax vertigineux.
Le film explore des thèmes tels que la mémoire, le désir, l’obsession et la dualité des identités, le tout enveloppé dans une histoire de mystère et de suspense. Les performances de Jimmy Stewart et Kim Novak sont brillantes, Stewart incarnant un homme tourmenté par des peurs irrationnelles, et Novak une femme énigmatique et fascinante.
Vertigo est à la fois une histoire d'amour, un mystère et un thriller, traitant des questions d’obsession, de paralysie psychologique et de la nature fragile de l'amour romantique. C’est un film que l’on devrait voir plusieurs fois pour pleinement apprécier ses aspects les plus sombres et profonds, qui ne refont surface qu'au fil des visionnages.
En conclusion, Vertigo demeure un chef-d’œuvre intemporel, une exploration complexe et captivante des profondeurs de l'âme humaine, qui continue de fasciner et de troubler les spectateurs des décennies après sa sortie. C’est sans aucun doute l’œuvre la plus accomplie d’Hitchcock, un film qui combine magistralement technique et émotion pour créer une expérience cinématographique inoubliable.