Vertigo est un des films qui ont marqué mon enfance. A la fois fascinantes et perturbantes, les images de ce film se sont imprimées dans ma mémoire tel un rêve : celles d'un homme poursuivant une femme et finissant désespérément seul. Peut-être était-ce même un cauchemar.
Aujourd'hui, j'ai enfin vu le film au cinéma pour la première fois. Et j'ai été surpris de découvrir Vertigo sous un nouvel angle de lecture. Scottie est malade bien sûr mais ce dont il souffre n'est pas le vertige. Sa maladie c'est l'impuissance sexuelle. En d'autres termes, il n'arrive pas à avoir une érection, à monter en haut du clocher pour atteindre l'extase. Le film peut être lu comme une longue masturbation, Scottie façonnant Madeleine par la pensée pour mieux satisfaire son plaisir. Tout le film est émaillé de métaphores sexuelles. Entre la Coit Tower point de repère de l'appartement de Scottie, la fascination de Scottie pour le chignon de Madeleine, la tentative de noyade de Madeleine, la taille des arbres dans la forêt de séquoias ou encore les vagues lors du long premier baiser, la liste est longue. A noter que Jean Douchet interprète la pathologie de Scottie comme étant l'éjaculation précoce. Dans tous les cas, Scottie est un névrotique qui devient de plus en plus violent et pervers pour arriver à ses fins. Rattrapé par la culpabilité et la religion, il se retrouve finalement seul face au vide, face à la mort.
La métaphore sexuelle est un niveau de lecture parmi d'autres, Vertigo est un film qui fascine justement par la richesse de ses différentes couches d'interprétation, qui se superposent de la plus triviale à la plus philosophique, sans jamais que l'une n'entrave l'autre. C'est la marque des grands films qui traversent le temps et qui prennent toujours plus d'envergure à chaque vision.