Après le fracassant suspense de Duel en 1971, Steven Spielberg est promu nouveau prodige du Nouvel Hollywood, et se lance dans ce thriller spectaculaire qui est parfois considéré comme son premier vrai film, Duel ayant été réalisé pour la télé américaine et distribué en salles ; je ne partage pas cet avis, pour moi, Duel possède de réelles qualités cinématographiques et une patte de réalisateur, je considère donc Sugarland Express comme le second essai de Spielberg avant d'exploser un an plus tard avec les Dents de la mer.
C'est une histoire inspirée d'un fait divers authentique survenu en 1969 où un jeune détenu avait réussi à s'évader d'un pénitencier texan grâce à la complicité de sa femme ; on connait la façon qu'ont les Américains de tout mettre en scène, cette cavale sera suivie avidement par toutes les stations de télé et de radio en mal de sensations et en suscitant les réactions les plus extrêmes.
Cette fantastique poursuite sans temps mort glisse à la fois vers la virée cauchemardesque et le gigantesque happening médiatique ; mélange de comédie dramatique, de polar moderne et de reportage singulier, c'est aussi par le spectacle de cette longue caravane de bagnoles de police bardées de girophares et de sirènes, un incroyable symbole de l'absurdité et de la démesure qui peuvent caractériser un pays comme les Etats-Unis, surtout cette Amérique profonde où n'officient que des bouseux de shérifs de comté, armés de leur fusil à pompe. C'est un peu comme si on prenait un marteau-pilon pour écraser une mouche. Il n'est pas sûr qu'en 1974, cet aspect ait été bien perçu en France où le film n'a pas été un succès phénoménal, ce fut tout juste un petit road movie sympa, mais revu aujourd'hui après toutes ces années, à l'heure où Spielberg est devenu ce qu'il est, le regard peut changer.
Pour réaliser ce film, il a fallu plus de 250 véhicules dont 75 voitures de police, la confiance du studio Universal en Spielberg était réelle après le succès de Duel, il disposa donc d'un bon budget, sa vitalité et sa maitrise technique encore une fois confortèrent ses producteurs, tandis que Goldie Hawn trouvait un rôle de femme déterminée et forte.

Créée

le 29 mai 2017

Critique lue 605 fois

23 j'aime

4 commentaires

Ugly

Écrit par

Critique lue 605 fois

23
4

D'autres avis sur Sugarland Express

Sugarland Express
Gand-Alf
9

Crazy Mama.

Dans la filmographie de Steven Spielberg, nous avons souvent tendance à placer son téléfilm Duel en tant que premier film d'une longue série, sous prétexte que ce dernier a connu ensuite une...

le 15 juil. 2015

31 j'aime

1

Sugarland Express
Ugly
7

Road movie virtuose

Après le fracassant suspense de Duel en 1971, Steven Spielberg est promu nouveau prodige du Nouvel Hollywood, et se lance dans ce thriller spectaculaire qui est parfois considéré comme son premier...

Par

le 29 mai 2017

23 j'aime

4

Sugarland Express
Mr_Jones
6

Chicken Run

Premier film de Spielberg à connaitre une sortie en salle, "Sugarland Express" dépeint un fait divers survenu en mai 1969 au Texas. Une jeune femme tout juste sortie de prison décide de faire évader...

le 23 nov. 2011

16 j'aime

5

Du même critique

Il était une fois dans l'Ouest
Ugly
10

Le western opéra

Les premiers westerns de Sergio Leone furent accueillis avec dédain par la critique, qualifiés de "spaghetti" par les Américains, et le pire c'est qu'ils se révélèrent des triomphes commerciaux...

Par

le 6 avr. 2018

123 j'aime

98

Le Bon, la Brute et le Truand
Ugly
10

"Quand on tire, on raconte pas sa vie"

Grand fan de westerns, j'aime autant le western US et le western spaghetti de Sergio Leone surtout, et celui-ci me tient particulièrement à coeur. Dernier opus de la trilogie des "dollars", c'est...

Par

le 10 juin 2016

98 j'aime

59

Gladiator
Ugly
9

La Rome antique ressuscitée avec brio

On croyait le péplum enterré et désuet, voici l'éblouissante preuve du contraire avec un Ridley Scott inspiré qui renouvelle un genre ayant eu de beaux jours à Hollywood dans le passé. Il utilise les...

Par

le 5 déc. 2016

96 j'aime

45