Après avoir été remué par Love Exposure du même réalisateur, l'heure était venue pour moi de découvrir davantage de films de Sono Sion qui a l'air d'avoir un style me correspondant. Et Suicide Club rejoint un peu cette idée que j'avais du cinéaste. L'ambiance change radicalement de Love Exposure qui brassait dans un riche mélange des genres, des émotions et qui n'était pas avare en sensations. Suicide Club est différent, l'esthétique du film a été travaillée de manière à rendre l'ensemble plutôt crade, avec du gore kitsch et un grain particulier à l'image. L'ambiance du film est étrange, malsaine et le tout est traité avec la légereté qui caractérise les protagonistes adolescents du film. La mise en scène est inspirée sans être révolutionnaire en soi malgré quelques passages relevant du génie (Cette scène dans le bowling et surtout l'intro) et la photo est travaillée pour rendre cette atmosphère très pesante, un aspect partiellement réussi.
Le scénario peut paraître léger ou du moins plutôt évasif, Sono traite le problème sans jamais sembler vouloir le résoudre. Ca reste un film sur cette société japonaise à bout de souffle qui met la pression sur les épaules de la population et surtout des jeunes pour qui le suicide semble être un moyen tout à fait normal d'échapper à cette société et d'afficher une certaine forme de solidarité, par contre cette critique est implicite, nous sommes bien loin du film dénonciateur et pointeur. Les acteurs sont plutôt bons dans l'ensemble, je reprocherais simplement à Sono d'avoir recours à quelques facilités du genre screamers (rares cependant) ou des ralentis assez pompeux. L'ensemble reste néanmoins très bon, original et vraiment intéressant. Un film marquant.