De nombreux détails viennent gâcher le tableau, à commencer par la dégaine d'Adrien Brody avec son look punk de supermarché abominable (et tellement pas crédible) ou encore l'illustration poussive des troubles du tueurs qui donne son nom au film, mais c'est le premier film de Spike Lee que je vois qui fasse une vraie proposition de cinéma intéressante, sans qu'elle ne soit aveuglée par son ton vindicatif.


"Summer of Sam" parvient à poser des ambiances avec un certain brio et à trouver un chemin cohérent au milieu d'un champ dense de caricatures : entre les italo-américains bas du front qui veulent trouver eux-même le meurtrier et les épouses qui sont de mauvais coups, il ne reste pas beaucoup de place pour la nuance. Et pourtant, Spike Lee trouve quelques idées intéressantes dans ce bordel, dans l'atmosphère très 70s qui règne là-dedans. Été 1977 plus précisément, puisqu'un fait divers réel anime l'ensemble, à savoir les agissements du premier tueur en série des États-Unis (semble-t-il), et la panne générale de courant. On voit le Disco affronter le Punk, l'émancipation des mœurs pas tout à fait opérationnelle. Le réalisateur se permet quelques digressions gratuites, parfois ratées (les délires du tueurs, avec ce labrador qui parle), parfois réussies (principalement autour du couple de John Leguizamo, que ce soit des séquences en boîte étonnantes ou une session partouze sortie de nulle-part).


En même temps que le tueur fait naître l'effroi, l'été arrive et New York s'échauffe. J'aime bien comment Lee aborde la thématique du sexe, très frontalement. Puritanisme et débauche se mélangent étonnamment, dans les méandres de récits parallèles plutôt bien gérés. Ni artificiel, ni confus, c'est un support pour la psychose causée par la série de meurtres en pleine canicule. Les corps et les esprits s'échauffent, suscitant frustration et exaspération, et déchaînement des passions avec un petit virage du côté de la critique de l'instinct grégaire et des boucs-émissaires. L'ambiance globale est vraiment très particulière.

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le 7 janv. 2020

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Morrinson

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