Solar Crisis.
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Dans Les Derniers Rayons du soleil (titre qc), le soleil se meurt en 2057 en s'éteignant progressivement, alors que dans la réalité, toutes les analyses scientifiques prédisent qu'au contraire il grossira jusqu'à devenir une géante rouge (alors qu'il est à l'heure actuelle une naine jaune). Dans le film, les terriens essayent de raviver le soleil pour obtenir un sursis avec une bombe thermonucléaire obtenue avec tout ce que la terre compte de matière fissile, alors qu'en réalité il en faudrait des milliards pour avoir un quelconque effet. Le scénario s'accorde donc beaucoup de licences artistiques, qu'il n'utilise malheureusement pas à de bonnes fins. Car les rebondissements scénaristiques mineurs du film, là pour créer du suspense et du divertissement, sont à leur tour à côté de la plaque.
Toute la dramatisation du film repose sur l'équipage et ses dissensions, une technique directement inspirée d'Alien. Mais quand dans le film de Ridley Scott, il ne s'agissait que d'un équipage lambda chargé d'aucune mission particulière qui rencontrait un cas de conscience auquel ils n'étaient pas préparé, les membres de l'équipage ont ici la survie de l'humanité sur leurs épaules. Dans la réalité, de telles missions seraient dépourvus d'humains et seraient dirigées par des ordinateurs. Ici, les membres d'équipage n'ont pas vraiment l'air d'être préparés à leur mission. Chacun à un avis différent, et la seule règle qui semble faire consensus est que leurs vies importent peu en regard de l'humanité entière. Et voilà donc que lorsque Trey (Benedict Wong) devient suicidaire à la suite d'un oubli technique majeur, la question se pose de le tuer purement et simplement. Un autre se sacrifie au détour d'une phrase pour la survie du groupe. La décision de qui doit mourir est déterminée par les qualifications respectives des passagers. Et puis il y a la question, lancinante, du manque d'oxygène. Oui, finalement, il était prévu dès le départ que les passagers n'auraient pas assez d'oxygène pour revenir sur terre... Par suite de plusieurs décisions scénaristiques farfelues et non justifiées ni dans le film ni par la science, les passagers du film jouent donc régulièrement à la courte paille, situations vectrices d'émotions fortes, mais tout à fait artificielles. Saw, sorti trois ans avant Sunshine, a apparemment mis le thème à la mode à Hollywood. Comme le dit si bien Mace (Chris Evans), de quoi essaient-ils de nous rappeler ? De notre humanité perdue ? Bof !
La dernière partie de l'histoire, qui louche une fois de plus vers Alien,
en mettant en scène un membre défiguré et fou d'Icarus I qui veut pour une raison X la peau de tous le monde,
tombe comme un cheveu sur la soupe, comme une tentative désespérée de sauver un scénario d'Alex Garland (responsable de La Plage et de 28 jours plus tard) qui est juste ridicule.
La mise en scène, les décors sont moyens. L'utilisation du soleil comme entité quasi-mystique pourrait tenir, mais l'abondance de plans fixes avec des personnages captivés par sa puissance devient répétitif et finalement dispensable. Ce n'est pas ainsi qu'on donne à un film sa profondeur. On peut faire la même analyse de Gravity ou d'Interstellar.
La distribution est composée d'abord par Cilian Murphy (jouant Capa) et Rose Byrne (jouant Cassie). Tous les deux associés aux films post-apo 28... plus tard (Cilian Murphy dans 28 jours plus tard, Rose Byrne dans 28 semaines plus tard. Ces deux acteurs sont remarquables dans leurs personnalités particulières et une certaine distance qui convient parfaitement au film de survie. Pas sûr qu'ils soient les plus indiqués pour la science-fiction dans l'espace, par contre. Bon point aux acteurs asiatiques, Hiroyuki Sanada (jouant Kaneda) en tête, qu'on avait déjà vu dans Ring ou Le dernier samouraï. La distribution n'est donc pas la pire, sans être du niveau d'un Alien, mais elle est tellement desservie par une pauvreté patente des dialogues.
Par conclusion, on peut dire que le réalisateur Danny Boyle et le scénariste Alex Garland sont doués pour les films de survie, qui dépend de ressors dramatiques et scénaristiques bien particuliers. Mais quand ils s'essaient à un film de SF dans la plus pure tradition du genre, ils reproduisent pour leur (et notre) plus grand malheur les mêmes recettes du film de survie, qui ne colle plus. Le fait qu'il y ait, comme dans 28 jours plus tard ou les films de Nolan, un manque d'humour et d'amour (voire d'affect et de sexe), nuit également au tout. Quand Danny Boyle dit s'inspirer de Solaris, d'Alien ou de 2001, on peut lui dire qu'il a failli à leur rendre hommage.
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Créée
le 18 avr. 2015
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