Quelle claque ! Peu de moyens sans doute, mais très bon scénario, casting adéquat (l'acteur principal, qui joue le rôle de l'unique médecin d'une petite île de Grèce ne s'animant qu'en été mais alors frénétiquement, ressemble un peu à François-Xavier Demaison) et bonne réalisation. Le film s'empare de vous petit à petit et vous serre la gorge, car vous vous demandez où tout ça va mener. C'est la peinture d'une passion impossible et jusqu'au-boutiste, genre Mort à Venise (en tout cas, ça m'a fait penser au Visconti, bien que ce ne soit ni le même milieu ni la même époque, ni les mêmes relations). Le critique de L'Humanité y voit, lui, une satire du "sea, sex and sun" (genre Club Med) et c'est ça aussi. Mais c'est surtout la peinture d'une passion irrépressible et destructrice. Et la tension est si forte que j'ai vu des spectateurs quitter la salle, sûrement parce qu'ils ne pouvait plus la supporter et que ça générait chez eux une angoisse trop forte. Et quand les lumières se rallument, ceux qui sont restés semblent un peu sonnés dans leurs fauteuils.
Je crois qu'il ne faut pas trop déflorer l'histoire, donc je n'en dirai pas plus... sauf qu'on ne serait pas pris à ce point par son développement, si le film n'était pas très habilement fabriqué.
Pour la note, j'ai hésité entre "7" et "8". Mais c'est un film terrible et d'une grande force, donc "8".
P.-S. Ayant consulté, sur "Rotten Tomatoes", le Tomatometer qui donne 74% d'opinions favorables pour Suntan, j'ai remarqué avec amusement que ce site américain montre une version de l'affiche du film où le garçon allongé sur le ventre qu'on voit de dos (et sur lequel repose la tête d'Anna, la jeune femme dont le médecin de l'île est amoureux) porte un maillot de bain, alors que sur l'affiche française (et probablement originale), il est nu et qu'Anna a une main sur ses fesses. Ce qui prouve la puissance des ligues bien-pensantes américaines !