Les amateurs de tatane made in Hong Kong le savent : 2ème moitié des années 90 + acteurs HK martiaux + Taïwan, c’est signe de produit lowcost fait à la va-vite et souvent pas bon. Alors il y a des exceptions, comme City of Darkness (1998) avec Donnie Yen et Ngai Sing ou The Death Games (1997) avec Fan Siu-Wong et Billy Chow, mais en général, ça ne sent pas bon. Mais que voulez-vous, je suis faible. J’ai vu au casting de ce Super Cops les noms de Cynthia Khan, Yukari Oshima, Billy Chow, Gordon Lui, Waise Lee, ou encore William Ho (du lourd donc), que voulez-vous, j’ai craqué, même si je ne me faisais pas trop d’illusions. Et j’avais raison de ne pas trop m’en faire. De plus, outre le fait que ce n’était sincèrement pas terrible, j’ai eu, une fois encore, droit à une jaquette mensongère, mettant très en avant la partie du casting la plus connue alors qu’ils ne sont au final que des seconds rôles, voire des cameos.


Tourné semble-t-il en même temps que le mauvais Tiger Angels (1997) avec lequel il partage une partie du casting, Super Cops est à peine plus réussi que ce dernier. C’est rageant car, outre le casting de luxe qui semble être venu là pour toucher un chèque facilement dans une production tournée à la va-vite sans trop de pognon, le nom de Gordon Liu (Kill Bill, The 8 Diagram Pole Fighter) aux manettes des scènes d’action aurait pu donner quelque chose de bon. Mais le film est vraiment trop cheapos pour réellement retenir notre attention. Déjà, au niveau du scénario, ça coince. Au-delà du fait qu’il tienne sur un post-it, avec des motivations de personnages complètement absentes, les deux arcs narratifs ont du mal à se mélanger correctement, au point qu’on a parfois l’impression d’être devant un deux films en un, monté complètement à l’arrache façon « au petit bonheur la chance » et on verra ce que ça donne. Malgré son casting de superstars martiales, Super Cops préfère verser dans l’humour burlesque, parfois un peu à la manière de Jackie Chan, mais ça ne fonctionne qu’à moitié. Le timing comique de Chan n’est pas donné à tout le monde et, bien qu’ici on sourie malgré tout à plusieurs reprises et que cela reste amusant par moments, on est surtout souvent dépité de certaines scènes (la drague du travesti dans le parc). On sent que des films comme Le Festin Chinois ou God of Cookery sont passés par là et ont été des succès au box-office, avec le personnage de Gordon Liu qui est clairement un hommage / pompage à ces films culinaires, bien que ces scènes de cuisine soient clairement des scènes de remplissage pour amener le film péniblement à l’heure et demie.


Malgré tout, le personnage de Gordon Liu est un des plus réussis du film, tout comme celui de William Ho (Story of Ricky, Daughter of Darkness) complètement à contre-emploi si on compare avec le reste de sa filmographie. Les autres sont assez fades, aussi bien ceux du côté des gentils, comme par exemple ceux de Yukari Oshima et Cynthia Khan, clairement en retrait, ou celui de Billy Chow qui donne l’impression de s’emmerder un peu dans tout ce bazar. Bien qu’on soit ici avant tout dans une comédie, les scènes d’action sont bien là, en assez grand nombre malgré tout, mais faisant la part belle à Bruce Mang Lung, artiste martial correct mais pas charismatique pour un sou, durant une bonne partie du film. Les combats sont nerveux, correctement chorégraphiés, avec même quelques cascades dangereuses qui font plaisir à voir (la scène du train, celle sur la charpente), et on sent clairement le désir de continuer de faire des petits films d’action comme dans les années 80 / début 90. Le problème, c’est que ces scènes sont cadrées et filmées n’importe comment, comme si le réalisateur voulait leur donner du dynamisme alors qu’il n’y en avait pas besoin. Les artistes martiaux HK sont suffisamment rapides et punchy, il n’y a pas besoin de les aider avec un montage qui n’a aucun sens. Malgré cette mise en scène catastrophique, le final de dix minutes d’action non-stop arrive à nous donner l’impression de finir le film sur une note positive. Gunfight, explosions, combats à un contre trois, course poursuite en bateaux, homme torche, on sent une réelle envie d’en donner pour son argent au spectateur qui aime quand ça déménage, mais clairement le réalisateur Mao Chiang-Pang (Midnight Conjure, Horrible High Heels) n’est pas doué pour filmer l’action.


Super Cops est à l’image de presque tous ces kung fu polars sortis à Taïwan à la fin des années 90, un produit lowcost tourné à la va-vite et à l’arrache comptant sur un casting sous exploité pour ramener quelques dollars. Pas terrible.


Critique originale avec images et anecdotes : https://www.darksidereviews.com/film-super-cops-de-mao-chiang-pang-1997/

cherycok
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le 23 janv. 2023

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