La filmographie de Jeannot Szwarc atteste un goût pour le divertissement populaire, qu’il s’agisse d’une première carrière à Hollywood où sont exclusivement mis en scène des films à grand spectacle (Les Dents de la mer 2, Supergirl) ou de grands sentiments (son chef-d’œuvre Quelque Part dans le temps, Santa Claus) entre une attaque d’insectes (Bug) et un long métrage d’espionnage (Enigma), ou de la seconde carrière faite en France autour de trois comédies sympathiques (La Vengeance d’une blonde, Hercule et Sherlock, Les Sœurs Soleil). C’est dire que le réalisateur a su non pas imposer une vision artistique singulière mais communier avec ce qui constituait, pour les deux pays en question, une mode du divertissement cinématographique : ses films sont en adéquation avec l’air du temps, s’inscrivent dans une mouvance plus générale qui est celle de leur contexte culturel, qu’ils confortent sans jamais prétendre changer.
En 1979 sortait Superman, en 1980 Superman 2, en 1983 Superman 3. En 1984 sort Supergirl, produit dérivé d’une licence à succès confié à Jeannot Szwarc. Et son pire film, pour l’occasion. Car il faut bien admettre que les péripéties d’une nunuche en cape rouge et collants bleus laissent à désirer, la faute à un scénario inepte inutilement étiré sur plus de deux heures – ce qui est affreusement long – et qui confond féminisation avec explosion de bêtise stéréotypée, à des acteurs que l’on ne dirige visiblement pas, à des effets visuels réalisés dans l’urgence, à une musique rébarbative, pourtant signée Jerry Goldsmith. Szwarc reste un bon artisan, mais doit composer avec des exigences industrielles qui le dépassent et un matériau impropre annonçant la catastrophe du quatrième opus de la saga Superman.
Le film vaut donc pour une seule chose : rappeler que la course aux profits, qui prend sa source dans la volonté de renchérir sur une licence lucrative, ne conduit un blockbuster qu’à se saboter lui-même. Supergirl est un désastre.