Le riche art de Donner dont Christopher rêve

Le Superman de Richard Donner est probablement le premier film de super héros qui rende grâce à son matériau d'origine tout en étant une véritable expérience pensée pour le cinéma.


Richard Donner est un réalisateur ayant la capacité de passer d'un genre à un autre dont on trouve peu d'équivalent dans le Hollywood moderne; capacité qui, à titre personnel, a toujours forcé mon respect.
Donner s'essaye avec un certain bonheur aussi bien au film d'horreur avec enfant infernal dans The Omen, au buddy cop movie redéfinissant le genre (bien aidé par Shane Black au scénario, on ne le dira jamais assez) avec Lethal Weapon, au film d'aventure définitif pour gamin (avec gamins infernaux, mais cette fois-ci sympathiques) dans les Goonies, à la fantasy romantique avec Ladyhawke, au western rigolard et roublard avec Maverick. Richard Donner est donc un faiseur multifonctions au sens noble du terme qui s'entend pour faire un film réussi quel que soit le genre cinématographique.
Avec son Superman, il s'attaque au film de super-héros et offre un mètre étalon pour le genre auquel tous les films qui suivront seront fatalement comparés jusqu'à ce que Burton s'en mêle plus d'une décennie plus tard.


Et donc que dire de cette sympathique pétoche de l'ami Richard?
Le début du film est très réussi, particulièrement les décors et maquettes destinés à représenter la planète Krypton.
Toute la première partie du film, de la jeunesse de Superman jusqu'au premiers exploits de l'homme d'acier s’enchaîne particulièrement bien. On en retiendra particulièrement cet enfant soulevant le véhicule des Kent qui reste plus marquante et iconique que bien des effets qui en font des tonnes; un magnifique coup de pied dans un ballon de football américain qui va se perdre en orbite; une course avec un train; la frustration d'un jeune homme incapable de démontrer toute sa valeur et sa même frustration lorsqu'il se rend compte que ses pouvoirs ne peuvent pas lui permettre de se soustraire aux réalités du monde telles que la mort d'un être cher.
On en retiendra surtout un acteur magnifique nommé Christopher Reeves qui parvient à incarner un Clark Kent à la gestuelle empruntée, maladroit et un peu ridicule, puis de se transformer en un instant en Superman avec une économie d'effet qui force le respect: simplement en effaçant un sourire un peu nigaud, en retirant des lunettes et en redressant les épaules.
Étrangement la seconde partie durant laquelle Lex Luthor intervient beaucoup plus et enclenche l'intrigue du film perd un peu de son charme et semble moins bien rythmée. Hackman incarne un Lex Luthor volontier malicieux et charmant mais dont le coté menaçant est très effacé. Il est également affublé d'un sidekick se voulant rigolo, mais qui aurait été avantageusement remplacé par une tarte au quetsches (le second film ne s'y trompant pas en se débarrassant de l'encombrant acolyte dès le prologue).

Les péripéties s’enchaînent un peu mollement dans cette seconde moitié jusqu'au moment de bravoure final où l'action et l'intensité dramatique évoluent en parallèle.
Évidemment, le spectateur actuel ne pourra que ressentir un grand décalage avec les effets spéciaux de l'époque et particulièrement la manière dont Superman vole, surtout lorsqu'on les compare avec des films plus moderne. Mais il pourra également être surpris de la capacité à invoquer une certaine poésie et ce malgré ces effets de vol surannés lors d'une balade dans le nuages se muant par moments en valse entre Lois et l'homme d'acier.


Le film de Richard Donner reste une bonne adaptation des aventures de Superman à l'écran. Une adaptation qui a défaut d'être parfaite possède un coeur énorme, ainsi qu' un amour et une compréhension véritable du personnage qui n'est jamais autant réussi que lorsqu'on porte une attention particulière à la double identité de Kal-El/Clark Kent, qui incarne en la contrastant cette dualité entre la volonté de connection avec l'humanité de Kal-El, et sa terrible solitude. Le tout est magnifiquement porté à l'écran par un excellent Christopher Reeves qui arrive sans en faire des tonnes à illustrer ce conflit aussi bien interne qu'externe du personnage.
Le film de Donner ne serait pas non plus ce qu'il est sans la musique iconique composée pour l'occasion par un John Williams en grande forme.


La suite imaginée à la base comme un dyptique se plantera un peu du fait de désaccords artistiques profonds entre le réalisateur et les studios, entrainant le renvoi de Donner. Il faudra attendre bien des années pour pouvoir regarder la version voulue à la base par le réalisateur.
Ce dyptique dans la version voulue par Donner est, de très loin, la meilleure transposition du personnage sur grand écran jusqu'à ce jour. Evitez absolument ses suites par contre, et le brave Christopher Reeves malgré toute la sympathie qu'il m'inspire et tous ses efforts ne peut rien y faire. N'hésitez donc pas à nouveau à vous envoler pour une sympathique balade dans les nuages en sa compagnie en revoyant les deux premiers films dirigés par Donner.

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le 29 mai 2021

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Samu-L

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