Superman and the Mole Men, ce qui permet déjà d'admirer la traduction française de haute facture de ce métrage d'une heure, s'avère être le pilote de la future série TV Adventures of Superman. George Reeves, prédécesseur du regretté Christopher dans le costume, trouve ici un rôle pas spécialement taillé sur mesure. Plutôt correct en Clark Kent, le changement d'identité fait mal. L'acteur n'a pas un physique d’athlète, et sa tenue est rembourré pour donner l'illusion de faux muscles et pectoraux, ces derniers se voyant au premier coup d’œil, obligeant l'acteur à constamment poser les poings sur les cotes et gonfler le thorax et tenter de faire illusion. Alors, déjà il a l'air con dans cette posture exagéré, mais c’est pire quand il prend la parole, sa bouche faisant un rictus que je qualifierais de "Stallonien". Bordel, pourquoi ils ont pas fait appel à Kirk Alyn ? C’est pas le meilleur acteur du monde mais au moins, ça ressemblait quelque chose.
Le reste du casting est quand à lui correcte. Phyllis Coates est une Loïs Lane plus serious business, est moins cynique avec notre Clark, même si elle a quelques répliques cinglantes à son égard le moment venu. Les autres seconds couteaux font ma foi le job, on ressent bien la mentalité western typiquement américaine de cette époque (ce qui n'a pas vraiment changé en fait), et hormis quelques couacs (la mère qui nous pousse un hurlement digne des plus grandes scream queens du cinéma de genre), on se laisse porter par le jeu d'acteur global.
L'attraction du film, des hommes taupes poilus arrivant du centre de la terre (Jules Verne, bonsoir) sont interprétés par un groupe d'acteurs nains dans un costume dont on voit la fermeture éclair dans les plans de dos. Et ils ont un superbe masque cranien pour le déguisement en Fabien Barthez. Mais c’est pas des méchants, juste des peureux qui se demande pourquoi tout ces cons leurs veulent la peau alors qu'ils sont venu creuser un accès chez eux avec leur forage.
Car les vrais pourris de l'histoire restent des êtres humains (logique), ce groupe d'hommes sentant bon la virilité, mené par un fouteur de merde moustachu au regard de fouine, qui tire d'abord et se pose éventuellement des questions ensuite, au risque d'avoir une migraine. De ce coté-là, Lee Sholem, le réal', fait une belle fresque de notre société, avec cette métaphore sur la xénophobie. L'être humain, soi-disant civilisé, agissant encore et toujours en sauvage décérébré à la première rencontre inattendue. Les journalistes seront d’ailleurs appelé les étrangers. Il n'y a pas de hasard, que des coïncidences.
Je suis très critique depuis le départ mais c'est pas un mauvais film, j'ai bien aimé d'ailleurs. La réalisation est bonne, le rythme soutenu, voire même étouffant lors de la longue traque des nains poilus se terminant dans une séquence ou la tension est à son paroxysme. On ne s’ennuie pas, et seuls quelques effets spéciaux trop ambitieux avec les moyens techniques à disposition casse l'immersion. Et l'image la copie que j'ai vu était impeccable, un noir et blanc très propre, qui n'arrache pas à les yeux au bout de d'un quart d'heure comme c'était souvent le cas avec les productions à budget limité. Reste ce choix d'acteur numéro un qui m'échappe encore.