Manne Hostile
Dégageant à peine assez de ronds pour couvrir le budget faramineux du film à sa sortie en 2006, ce Superman Returns est rapidement tombé dans l’oubli, malgré un certain nombre de qualités (ne soyons...
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le 10 déc. 2015
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Après quelques succès, quelques combats, quelques luttes, une existence pas facile, de hauts et des bas, bref après avoir vécu un bout de temps, Superman disparaît.
Le Superman diégétique a disparu de la planète Terre comme le super-héros a déserté le grand-écran depuis 20ans.
C'est donc bel et bien le Superman des années 70-80 qui revient ici en grande pompe, ce qui explique le choix risqué de Bryan Singer de ne pas réaliser un reboot d'un personnage qui n'est pourtant pas de première fraîcheur, mais une sorte de continuation (on préférera ici ce terme à celui de suite) du Superman de Richard Donner (1978).
Très honnêtement, je m'attendais à voir un fan-movie à gros budget, tiraillé entre l'admiration de Singer pour le kryptonien et le cahier des charge des studios de production qui ne manque pas une occasion de faire de la léch' au tout venant en les gavant de boum-boum et de scènes d'actions toujours plus exagérées.
Quelle a donc été ma surprise quand j'ai enfin pris mon courage à deux mains pour trouver le temps et l'énergie de finalement le regarder quand même.
Au lieu d'un nanar, je découvre un film non dénué de défaut et de maladresse, mais qui a plutôt su trouver un certain équilibre.
Les erreurs de casting sont assez problématiques, notamment la jeune Kate Bosworth (Loïs Lane) qui nous fait penser à une égérie de Disney Channel, ou Parker Posey qui joue tant bien que mal le rôle caricaturé de l'acolyte de Luthor.
On regrettera également quelques bizzareries scénaristique : un couple qui élève vraisemblablement un enfant dans un bureau de presse par exemple.
Mais malgré cela, Singer évite assez habilement certains pièges dans lesquels un Sam Raimi ou un Jon Favreau auraient foncés tête baissée, en gardant un rythme relativement équilibré, écartant le too much et offrant à son personnage principal le temps de se construire, de s'épaissir, comme une pâte qui monte lentement. Il ne tombe ni dans le film de super-héros stéréotypé où les combats spectaculaires avec le méchant font office de scénario, ni dans l'histoire d'amour torturée à la mord-moi-le-noeud (on en est jamais loin, mais on l'évite toujours au moment où ça pourrait devenir chiant)
Le film multiplie les scènes iconiques, élève Superman au rang de Dieu (scène superbe où il observe la Terre de très haut, la surveille, la protège comme s'il s'agissait de son enfant), un Dieu qui malgré qu'il soit admiré par la planète entière, est définitivement mis au ban de l'Humanité. Le fil rouge et le ton qui sont choisis nous inclinent à voir le super-héros le plus connu et le plus usé du monde sous un angle nouveau et plutôt tangible.
Sont développés des problématiques qui tendent à insérer Superman dans une véritable mythologie postmoderne, qui repousse les frontières de l'univers de la BD américaine en le faisant sortir d'un cadre peut-être un peu trop immature (pardonnez moi le terme) pour évoluer vers une culture syncrétique adapté aux créations de notre époque.
Singer se range en fait dans la tradition qui a fait renaître le comics de ses cendres au milieu des années 80 en rendant les histoires plus adultes, plus concrètes, en reconstruisant les personnages mythiques sur une base plus réaliste, moins enfantine, plus sombre aussi. Ce que des gens comme Alan Moore ou Frank Miller on fait à la BD, Bryan Singer l'adapte au support cinématographique, tout en restant fidèle aux modèles plus old-school de son idole.
Il parvient finalement à moderniser le super-héros le plus kitch de tous, à le rendre plus actuel, plus vivant, plus crédible, plus "humain" .
Tout ça (et c'est, je trouve, le plus estimable) sans la "facilité" du reboot, sans raconter une genèse (et ainsi bénéficier des avantages d'une table rase), mais en développant une "suite" (un moment où le super-héros, comme le super-méchant, est déjà connu du monde, a déjà eu le temps de se présenter), et, justement, en assumant le passé cinématographique irrégulier du personnage. Les clins d'oeil et les références sont d'ailleurs légions : Marlon Brando qui reprend son personnage de Jor-El (2 ans après sa propre mort), la ressemblance extraordinaire de Brandon Routh avec Christopher Reeve jusque dans la petite boucle sur le front, la scène où Jimmy Olsen montre sa photo floue, etc...
Ne serait-ce que pour cette décision courageuse, pleine de risque, et qui nous offre néanmoins un résultat plutôt satisfaisant, Bryan Singer, le king des geeks, mérite quand même les félicitations.
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Créée
le 31 déc. 2015
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