Sam et Tusker s'offrent une virée sur la route des meilleurs souvenirs de leur couple. Le concert que Sam doit donner à l'issue de ce road-trip n'est en réalité qu'un prétexte pour que lui et Tusker en construisent de nouveaux, peut-être même les ultimes avant que la maladie dont souffre Tusker engloutisse tout ce qui a défini leur complicité amoureuse pendant des années.
Les regards échangés, les sarcasmes, les disputes futiles, les éclats de rire et tous ces instants qui ont jalonné la relation de ces deux hommes passionnés et brillants s'évadent aujourd'hui de plus en plus souvent de la mémoire de Tusker, le laissant désemparé face à une existence qu'il ne maîtrise plus à la pleine mesure de ses capacités. Son compagnon l'est bien sûr tout autant en voyant l'être aimé l'abandonner peu à peu contre sa propre volonté, il ne peut d'ailleurs s'y résoudre, espérant toujours plus de temps aux côtés de son âme sœur pour contrer sa peur de l'inconnu d'une vie sans Tusker.
Des yeux tournés vers les étoiles à ceux remplis à la fois d'amour et de détresse que posent l'un sur l'autre ses deux personnages principaux, "Supernova" approche ce dernier virage amoureux devant l'inéluctable en nous faisant partager leurs appréhensions différentes face à la maladie. Leurs sentiments mutuels ne sont pas à remettre en cause, ils sont toujours présents et aussi forts qu'auparavant, Harry Macqueen nous les fait constamment ressentir avec une infinie tendresse au cours de scènes de partage avec leur entourage ou dans leur quotidien de couple, mais le mal qui ronge Tusker -et qui ronge de fait Sam- se fait plus prégnant à chaque étape de leur voyage, mettant de plus en plus en lumière leurs sensibilités divergentes sur la manière d'aborder les derniers instants à partager.
Le sujet vampirisera frontalement la deuxième partie du long-métrage à travers de brillants échanges qui n'auront qu'une mission : remettre ses deux compagnons d'une vie une dernière fois sur la même longueur d'ondes, détruire les barricades de ce qui pourrait apparaître comme une ultime once d'égoïsme chez l'autre pour mieux se réunir, atteindre la plénitude de l'harmonie qui les a toujours gouvernés jusque-là et dont ils n'ont jamais eu autant besoin pour se comprendre l'un et l'autre. En utilisant les mêmes mots prononcés par Tusker pour évoquer son esprit fuyant, il faudra laisser la supernova exploser en somme et accepter ses retombées afin de pouvoir poursuivre ces derniers kilomètres ensemble et même au-delà.
Ainsi, le spectateur ne pourra que succomber à son tour aux retombées émotionnelles de cette superbe "Supernova" à laquelle Stanley Tucci et Colin Firth apportent toute la grandeur et la subtilité de leurs talents respectifs.