Vers l’unisson.
Un monde parfait avait tenté, après l’âpreté crépusculaire d’Impitoyable, d’insuffler dans le cinéma d’Eastwood la question du sentiment. Dans Sur la route de Madison, nul recours à la filiation ou...
le 29 mars 2015
94 j'aime
8
Cela fait presque 20 ans que j'ai entendu parler de ce film. Presque 15 que je me dis "mmh, il faudrait vraiment que je le regarde mais ça sera pour plus tard". La procrastination dans toute sa superbe.
Mais je me suis enfin décidé à regarder ce film. La plupart du temps, je me demandais pourquoi ce film était considéré comme un chef d'oeuvre, une merveille cinématographique. Je regardais avec méfiance ce photographe aux tempes grisonnantes, ce vieux beau, âme de poète et esprit d'adolescent qui veut s'affranchir des normes socio-familiales. Il me semblait trop beau parleur, trop bel acteur qui voulait juste séduire une femme au foyer qui s'est mariée sans amour pour partir aux Etats-Unis. Quant à Francesca, magnifiquement incarnée par Meryl Streep, je la prenais de pitié, comme une proie qu'un prédateur a ferré et qui se retrouve dans une impasse, essayant de résister au fantasme que ce bellâtre inspirait. Bref, pour faire simple et vulgaire, je m'étais dit qu'on avait affaire là à un gros con manipulateur et à une femme au foyer mélancolique et un peu cruche.
La fin du film m'a ouvert les yeux. Le bellâtre sous la pluie, trempé jusqu'aux os, qui regarde avec une infinie tristesse cette femme retourner à son "devoir" de mère et d'épouse ; ce même bellâtre caresser avec mélancolie, le coeur lourd, cette croix irlandaise qui porte le nom de Francesca.... Je me suis réveillé et j'ai compris que ce n'était pas bêtement un vieux séducteur mais bel et bien un romantique désespéré, qui éprouve réellement des sentiments - et non pas de l'amour - pour cette femme.
Francesca, elle, me faisait encore plus de peine, tiraillée entre sa vie aussi ennuyante dont elle se sent responsable et son rêve passionné, enflammé, avec Robert qui équivaudrait à échapper à toute responsabilité. Et la question demeure : que choisir entre ses responsabilités, fruit des choix d'hier, et ses désirs, potentielles graines des déceptions de demain ?
En choisissant ses responsabilités, et sa vie banale et sans passion, Francesca portera jusqu'à la fin de sa vie le coeur lourd, portant une passion interdite qui n'a jamais pu s'éteindre. Et c'est donc dans la mort qu'elle a décidé de prendre à bras le corps cet amour passionné.
Et je ne sais pas quoi penser de ce choix. A-t-elle eu raison ? A-t-elle eu tort ? Mon petit doigt me dit qu'il n'y avait pas de bon ou mauvais choix. Elle a simplement choisi la sécurité en attendant que la mort lui apporte la liberté.
Créée
le 26 sept. 2024
Critique lue 14 fois
D'autres avis sur Sur la route de Madison
Un monde parfait avait tenté, après l’âpreté crépusculaire d’Impitoyable, d’insuffler dans le cinéma d’Eastwood la question du sentiment. Dans Sur la route de Madison, nul recours à la filiation ou...
le 29 mars 2015
94 j'aime
8
De mes souvenirs, j'avais attribué un 8. A présent, je lui rajoute un point parce que j'ai eu la chance et le plaisir de voir ce film au cinéma, et en VOSTFR. Ce qui ne fût pas le cas, à sa sortie,...
le 15 juin 2015
72 j'aime
24
D'emblée, il faut que j'avoue que ce film est, avec Breezy, mon préféré du cowboy californien. Oui, je suis une éternelle sentimentale. Je ne les ai pas tous vus mais je peux affirmer que ce sont...
Par
le 20 janv. 2018
57 j'aime
3
Du même critique
Cela fait presque 20 ans que j'ai entendu parler de ce film. Presque 15 que je me dis "mmh, il faudrait vraiment que je le regarde mais ça sera pour plus tard". La procrastination dans toute sa...
le 26 sept. 2024