Vers l’unisson.
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Je ne les ai pas tous vus mais je peux affirmer que ce sont deux des plus beaux films évoquant le sentiment amoureux. La brute armée fait montre d'une délicatesse et d'une pudeur confondantes. Il transforme le best-seller mièvre et sirupeux de Robert James en chef d'œuvre du cinéma.
Francesca est une femme terne et sans relief particulier, une épouse et une mère dévouée qui devient la sensualité incarnée au contact du regard et du désir d'un homme de passage. Queen Meryl, (suite d'adjectifs pompeux et puant la dithyrambe) tient là l'un de ses plus beaux rôles.
Robert est photographe. Il a l'œil et sait voir. Il a compris quel genre de trésors recélait Francesca sous sa robe de provinciale fatiguée et la passion qui l'habite.
Son appareil lui sert de révélateur. Lui, loup sauvage et solitaire, devient chiot fragile et maladroit.
Quand il entre dans sa vie, à la faveur d'une erreur de chemin, ils n'ont plus ni l'un ni l'autre la fraicheur et l'innocence de la jeunesse. Ils ont vécu, traînent des blessures et une expérience de la vie censées les rendre prudents.
Ce qui prive le spectateur d'étreintes torrides et dénudées, lui offre à la place l'intensité des regards, l'expressivité d'un geste, la (dé)charge érotique d'une main sur l'épaule, la puissance du trouble que provoque la simple présence de l'autre...
Elle est une intellectuelle frustrée, une amoureuse de la beauté cantonnée à une vie cantonnée à une routine campagnarde. Elle fait son devoir sans passion, vivant dans son monde intérieur étranger à sa famille.
"Et dans ce moment-là, tout ce que je croyais vrai sur moi jusque-là disparut. Je me comportais comme une autre femme et pourtant j'étais moi plus que jamais." dit elle après s'être ouverte à Robert. Elle semble l'attendre depuis toujours sans même savoir qu'il existe.
C'est là que l'éphémère prend des accents d'éternité. Le drame qui pèse sur tout le film, à la fois inéluctable et repoussé permet pourtant à cette parenthèse de 4 jours de transformer le reste de leur vie. En faisant ce choix, elle épargne à cet amour la saveur des remords et des regrets.
Le temps reste ainsi suspendu, comme les ponts, et le couple comme le spectateur prend le temps d'observer la nature qui l'entoure et profiter de la présence de l'autre afin de cristalliser à jamais les souvenirs de ces moments uniques.
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Créée
le 20 janv. 2018
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