Le dernier film de la carrière de John Frankenheimer aura donc été un téléfilm pour HBO. Mais quel film ! Il ne fait aucun doute que le cinéaste a bien analysé le "JFK" d'Oliver Stone et a appliqué le même traitement à son scénario. Frankenheimer va donc traiter la présidence de Lyndon Johnson comme Stone avait traité celle de John Kennedy. Si l'assassinat de Kennedy était le coeur du film "JFK", le bourbier de la guerre du Vietnam sera le coeur de celui-ci. Frankenheimer n'a pas les moyens qu'avait Oliver Stone, mais son film est tout aussi passionnant et explicatif sur les faits historiques qui ont mené le pays à ce désastre. 90% des scènes de ce film ont lieu dans des bureaux de réunions dans lesquels on parle beaucoup et dure presque aussi longtemps que le film de Stone. "Path to war" est construit comme une pièce de théâtre, avec ses rebondissements et ses retournements de situations inattendues et des scènes souvent brillantes interprétées par une magnifique brochette d'acteurs de premier ordre : Michael Gambon y est superbe dans le rôle du président Johnson, à la fois vulgaire et solennel. Alec Baldwin, dans un de ses plus grand rôle, joue un McNamara autoritaire, têtu et arrogant. L'éternel second rôle, le brillant Bruce McGill, joue brillamment le vice président George Ball et la voix de la raison. Et enfin Donald Sutherland reprend presque le même rôle que celui qu'il avait déjà dans "JFK", l'ami conseiller qui a l'esprit vif et analyse simplement et clairement la situation aux moments T du film.
Alors que Johnson est encore aujourd'hui un des président américain les plus haït, pour son action au Vietnam, Frankenheimer en dresse un portrait bien plus nuancé, presque complaisant à son égard. McNamara jouant clairement le rôle du méchant... du moins au début... car l'échiquier politique dans ce film est vraiment plein de surprises.
On pourra aussi reprocher au film, le même parti pris partisan qu'avait Stone dans "JFK", mais quel bel exposé pour comprendre les dessous d'une guerre, que les américains n'ont toujours pas compris eux-même...