Daniel (Chad Connell) a tout pour lui : il est beau à se damner, foutu comme un Dieu, possède un grand appartement, est présentateur d’un talk show à succès dans lequel il excelle. Mais depuis quelques temps, de profondes angoisses le paralysent. Submergé par des traumatismes enfouis, Daniel cède à une dépression qui le consume de plus en plus et qui va transformer son quotidien en cauchemar. Tout finit par l’angoisser. Seule lueur d’espoir au coeur des ténèbres : l’incursion dans sa vie d’un jeune garçon de 18 ans, Alexander (David Cameron). Ce dernier a eu le coup de foudre pour lui et ne va plus le lâcher, permettant petit à petit à Daniel d’ouvrir son coeur, refermer ses blessures et tenter de reprendre sa vie en main…
Très étrange film indé que ce « Sur le fil » qui porte bien son titre. Le personnage principal, campé par le hotissime Chad Connell, pourrait presque passer pour arrogant. Un homme beau et fort, bien installé, plein d’assurance dans son travail. Mais progressivement, il se transforme en véritable zombie, rongé par la dépression, incapable de poursuivre un footing ou des courses au supermarché. Pour aborder le sujet de la dépression et faire ressentir l’état de détresse de Daniel, le réalisateur Sven J. Matten ne lésine pas sur les effets. Musique et sons oppressants, caméra qui vrille : le quotidien banal se mue en thriller permanent, l’angoisse se propage. Ce côté « film physique » est assez séduisant et original et nous confronte sans filet à la douleur d’une dépression qu’on a souvent tendance à relativiser.
Intrigant, le long-métrage ne tient hélas pas toutes ses promesses, la faute à une écriture en dents de scie et surtout à un second rôle fâcheux. Le personnage d’Alexander est assez mal amené, un peu lourd et surtout campé par un twink musclé plus que de raison qui n’en finit plus de minauder. On a du mal à croire au personnage interprété par un comédien qui sent le plastique et semble tout droit sorti d’un porno gay amateur minet. Un twist final apportera toutefois un éclairage assez intéressant sur ce personnage qui a peut-être été volontairement laissé dans le flou.
La vision de l’ensemble n’est pas évidente en raison d’un scénario inégal et d’une mise en scène très très nerveuse. On ne pourra en tout cas pas reprocher à Sven J. Matten de ne pas tenter des choses, même si le résultat est maladroit. Son portrait d’homme faussement inébranlable, héros américain traumatisé par un événement cauchemardesque lié à l’enfance, ne manque pas de sel à défaut de vraiment convaincre. (critique du site Pop and films).