Le film aux 8 oscars
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le 19 mars 2016
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C'est toujours assez délicat d'écrire sur un film aussi reconnu que Sur les Quais (On The Waterfront) parcequ'il y a 70 ans d'écrits dessus et qu'au final mon avis n'aportera pas grand a chose à la question de savoir si ce film est un grand film ou non. J'avais quand même envie d'écrire quelque part ce que j'en avais pensé en quelques mots.
Déjà je ne suis pas fermé à l'idée que ce film puisse être un chef-d'oeuvre et je pense qu'il a ce qu'il faut pour que l'on puisse en parler comme tel, et je suis ouvert à toute discussion, ou opinion contraire.
J'ai bien aimé le film, mais j'ai quelques problèmes avec. Je déteste quand un acteur s'acapare un film et je déteste encore plus quand son réalisateur l'encourage. Nous le savons, Elia Kazan est le fondateur de l'Actor Studio, le cancer du cinéma et le coeur du problème du jeu d'acteur hollywoodien. L'actor studio voit la prestation d'acteur comme un point absolument capital voir central d'un film. L'école cherche a faire briller le comédien, et pour cela elle cherche la mimétique parfaite. L'idée est donc de s'abandonner pour laisser exister entièrement son personnage, et donc devenir le personnage. Ce qui intéresse Kazan c'est donc ses acteurs (Un Tramway Nommé notamment), et en particulier Marlon Brando.
Ce que je trouve extraordinaire dans sa performance, c'est ce contraste entre son apparence de dur et la délicatesse de ses gestes. Quel autre acteur poserait calmement la main sur le pistolet avec lequel le menace son frère pour le repousser d'une caresse ? Qui d'autres pourrait dire "oh, Charley !" avec un ton de reproche si mélancolique et si poignant qu'il fait ressentir toute la profondeur de sa peine ? - Elia Kazan
Pour moi l'actor studio n'appréhende pas le jeu d'acteur de la bonne manière. Je rejoindrais plus la théorie qu'avance Robert Bresson dans son livre Note sur le Cinématographe qui voit l'acteur comme un modèle, à l'antithèse du jeu théâtral. N'existant dans le plan que pour faire exister la présence humaine. L'acteur doit se soustraire au film, et non-pas se l'accaparer. Ici c'est ce qu'il se passe.
Le problème avec ça dans ce film c'est que Elia Kazan s'engage dans un film politique. Il est question d'un laissé pour compte par la société, ancien délinquant, cherchant à se reconstruire mais pourchassé par son passé. L'enjeu du film est donc de s'accomoder à la société et de se créer une stabilité (en l'occurence une petite-amie et un travail). Le problème c'est que, comme le film se centre sur le jeu de Brando, et donc Brando, et donc le personnage que joue Brando, il perd son intérêt politique puisqu'il est sans arrêt tourné sur le passé de son personnage.
Le personnage est pourchassé par son passé et donc le récit n'est pas tourné vers les problèmes sociaux dont il semble surtout vouloir traiter mais vers les antécédents de son personnage principal, qui l'empêchent de se créer une nouvelle vie. Ce qui fait ce qu'on voit durant tout le long du film le personnage de Marlon Brando, et donc on passe notre temps à regarder Marlon Brando au lieu de filmer son sujet social.
Pour moi le film atteint son point politique culminant lors de son plan de fin. Après s'être fait tabassé, le personnage de Marlon Brando se dirige vers l'usine et donc vers le travail. Nous avons donc frontalement un déplacement d'un milieu social à un autre. Brando accède au monde du travail en pensant démarrer une nouvelle vie, une vie libre. Mais au final, un dernier plan dans lequel tous les ouvriers rentrent dans l'usine viendra évoquer la stabilité du travail ourvier convoitée de Brando durant le film comme une banalité de la souffrance populaire (Brando étant noyé dans une centaine de travailleurs entrant dans l'usine pour se casser le dos toute la journée), et montrera avec la fermeture de la grille de l'entrée de l'usine qu'au final Brando est sorti d'une prison pour en entrer dans une autre. Un fort propos politique qui nous montre un fort problème social, et politique qui compare des laissés pour compte de la société "délinquants" à des travailleurs solidaires à ces gens que la société à décidé de mettre de côté, représentés par le personnage de Brando. Le problème, c'est que le film, centré sur Brando, n'évoque jamais ce problème social. On ne voit pas tant le quai que ça, le lieu du film, puisque nous sommes toujours plongés au coeur des intrigues et au plus proche de personnages, et notamment de Brando qui envahit souvent les cadres, ou dirige le regard vers lui de part son jeu. Mais surtout nous ne voyons jamais le travail. Kazan ne filme pas une seule fois le travail. La réalité de la vie ouvrière est absolument absente du film, la situation des travailleurs n'existe pas.
Tout ça est laissé en toile de fond pour raconter l'histoire mélodramatique de Marlon Brando, et donc le faire jouer, l'iconiser, et qu'il ait son oscar. Assez ironique pour un film se voulant socialiste.
Malheureusement, le film en avait toutes les composantes, mais il est faussement social, s'observant lui-même et non ce qu'il veut filmer.
Bref désolé si je dis de la merde je l'ai vu qu'une fois.
Note: 6,5/10
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les meilleurs films de 1954, Oscars et Golden Globe (Drame + Comédie/Musical)
Créée
le 8 mars 2024
Modifiée
le 8 mars 2024
Critique lue 11 fois
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