J'aime beaucoup ce que fait Shinobu Yaguchi : ce sont toujours des films où un vent de fraicheur se balade pour donner du sourire au spectateur. Ce sont des petits films sans l'ambition d'être des sommets cinématographiques, mais le type fait les choses bien, le schéma est souvent le même, c'est peut-être juste le lieu qui change à chaque fois, le ton est toujours léger, il y a un bonne humeur général ultra communicative qui se dégage, on a envie d'être aux côtés des personnages, de participer à leur activité avec eux : qui n'a pas eu envie de devenir bûcheron après avoir vu Wood job?
Son dernier film m'a surpris, là où les autres se situaient dans un espace plus intimiste, plus marginal (des clubs d'école ou un jolie village au milieu des montagnes) ici le film prend une ampleur national : Il est question d'une coupure générale d'electricité dans tout le japon (ou pas? on verra), les voitures ne fonctionnent plus, les téléphones non plus, notre petite famille va devoir survivre dans un pays où l'argent n'a plus d'utilité, où tout se paye désormais avec de l'eau et de la nourriture.
Le traitement est original puisque la seule solution des habitants sera de migrer vers une autre ville où l'électricité fonctionne selon les rumeurs. Le film se transforme très vite en road movie sous des airs de récit apocalyptique.
Leur voyage sera un parcours initiatique pour cette famille typiquement japonaise (père salaryman, maman au foyer) dont les relations s'essouflent et où la communication ne se fait plus (seulement par le biais de la tv et des téléphones), c'est bien triste !
Globalement c'est fort sympathique mais j'ai l'impression que le récit à le cul entre deux chaises, ce n'est pas vraiment dramatique, ni vraiment très drôle en fait (les rares moments comiques ne sont pas très drôle). En fait j'ai trouvé ça assez plat, le type a de bonnes idées ça je dis pas le contraire :
le commerce qui évolue depuis la catastrophe, la panique général, l'émigration de toute une population (les figurants y sont nombreux) mais le film ne va jamais au bout de ce qu'il pourrait aborder, ça manque quand même d'une mise en scène audacieuse (on a beaucoup de scène où la caméra tourne autour d'un personnage pour ensuite découvrir ce qui se passe en arrière plan, c'est cool une fois mais pas deux quoi...) , le film fait son petit bout de chemin comme prévu en n'exploitant pas son matériaux comme il faudrait. Sur des petits films comme ses précédents, ça passe beaucoup mieux parce que l'intrigue est resserré, le rythme bien soutenu, on peut s'attacher aux personnages (mêmes secondaires), quand c'est pas hyper drôle, c'est touchant, original dans la mise en scène (même non sensique parfois) je pense notamment aux enchainement de plans fixes dans swing girls où les personnages dansent au rythme du jazz ou cette touche de fantastique qui s'invite sans qu'on s'y attendre dans un autre film.
On a par exemple dans ce film ci une séquence dans un tunnel complètement dénué de lumière que les personnages doivent traverser. Alors c'est sympa on a des vieilles dames qui se sont improvisées guides (contre paiement) à l'entrée du tunnel, mais la séquence est très vite expédiée. C'est bête parcequ'il est question de rumeur de Tanuki tapis dans le noir, le truc aurait pu être jouissif à mettre en scène (surtout qu'il a déjà prouvé qu'il pouvait foutre du fantastique dans ses histoires), on aurait pu y passer du temps dans ce tunnel mais la traverse est très vite faite...
En fait je n'ai ni trouvé ça alarmant, ni vraiment drôle, surtout que dans son traitement de fond (la reconstruction de la cellule familiale par sa destruction c'est un thème majeur au japon que beaucoup de cinéastes ont traités, je pense notamment à Sogo Ishii, Miike ou Kiyoshi Kurosawa) le film ne creuse pas assez, on a vraiment l'esprit narratif du réalisateur dans un contexte beaucoup plus large j'ai l'impression et la sauce prend moins. Même le petit passage à la campagne ne m'a rien procuré tant le cheminement est mécanique...
Le film a vraiment le cul entre deux chaises ouais, comme en témoigne une scène vers la fin d'attaque de chien et de jambe cassé qui surprend par sa tonalité...on se demande ce que ça fou la d'un coup, surtout que c'est très vite oublié dans la séquence suivante...
Bref, en y repensant je trouve ça sympathique malgré tout, et je ne suis pas contre que le type aille dans ce sens là, pour un premier essai (je crois hein...) y'a de bonnes choses, faut juste creuser ta mise en scène !
Sinon gros hommage à ce pauvre chien abandonné au début du film qui a du passer plus de 2 ans seul dans son appartement, au fond de moi je me dis que de bonnes âmes ont du ouvrir la porte, ou qu'il a trouvé une issue, ou qu'il est mort de faim et de déshydratation dans d'atroces souffrances et qu'il se réincarnera sous forme de Yokai pour tous les baiser! Meurtriers !!!!