De la vie de Picasso, James Ivory n'explore ni la période bleue, ni la rose, ni telle autre, mais évoque la période Françoise Gilot, une des nombreuses compagnes du peintre à travers le regard de laquelle Ivory tente de dessiner la personnalité du peintre.
Picasso et les femmes, ses femmes, c'est tout ce qu'Ivory nous propose de connaitre de l'artiste dans cette biographie aussi sélective qu'insuffisante. D'abord, elle ne porte que sur les années 40-50 et puis, surtout, elle ne consiste aucunement en une introduction à l'art de Picasso. Ce choix du metteur en scène de n'évoquer guère davantage que le "séducteur" est respectable, original en soi, mais son développement se révèle futile, insincère, comme émanant de ce qu'on appelle aujourd'hui la presse people.
Le cinéaste prétend nous convaincre de la fascination que Picasso exerce sur sa compagne (et sur d'autres maitresses qui apparaissent, réapparaissent aux côtés de Françoise Gilot ou sous la forme de courts flashback), un envoûtement qui contraint les femmes du peintre à une vie commune délicate et ingrate, peu gratifiante tant l'homme est infidèle et égoïste. Une fascination, enfin, qu'on imagine volontiers mais qui ne nous atteint pas...
Au bout du film, on a la désagréable et paradoxale impression que l'homme, autant que l'artiste, nous a échappé sous l'effet d'une approche trop sage et convenue, sans relief.