Survivre
4.3
Survivre

Film de Frédéric Jardin (2024)

Émincé de crabes à la française

Ça partait d’une bonne intention, Survivre. De ce même élan qui a vu, depuis peu, le genre en France trouver un nouveau souffle avec plus ou moins de succès (Titane, Le règne animal, Acide, Vermines…). Mais comme les bonnes intentions pavent l’Enfer à défaut, très souvent, de produire du bon cinéma, le spectateur a du mal à y trouver son compte. Et Survivre, ça part d’une bonne intention sur le papier. C’est du genre bien troussé vu le budget limité du film que Frédéric Jardin et son équipe technique ont contourné avec une certaine habileté, mais plombé en fin de parcours par une fâcheuse retombée de soufflé (et de nos espoirs mis dans un film catastrophe + survival à la française, objet rare au sein de notre production nationale, qui serait réussi).

Alors OK, avec un tel pitch (les pôles magnétiques de la terre s’inversent soudainement, les mers et océans anéantissant les continents et laissant à leur place un vaste désert), pas la peine de venir chouiner, d’affirmer que le scénario a des incohérences puisque, de toute façon, le scénario est une incohérence. Donc ? Donc inutile de bouder son (petit) plaisir devant cette tentative modeste, très modeste, de blockbuster osant tutoyer Emmerich, Bay et Cie. Par contre des facilités narratives, ça oui il y’en a, principalement dans les dernières vingt minutes, quand il eut fallu aller le plus loin possible dans la radicalité, et garder cette espèce d’objectivité sèche que le film a su (s’)imposer dans sa première demi-heure.

On passera aussi sur un intermède cucul la praline en milieu de film complètement dispensable, et une caractérisation des protagonistes (une famille ayant réchappée au cataclysme) proche du néant. Et en même temps, à quoi bon ? Dans une pure logique de survie où la nature vous ramène à votre condition de simple mortel, les instincts les plus primaires reprennent le dessus, et les personnages ici sont d’abord des blocs de rage et d’endurance, de chair et de sang. On passera sur tout ça parce qu’on a envie de défendre Survivre malgré ses défauts et ses quelques errements nanardesques. Et parce qu’on aime Émilie Dequenne en mère louve vénère. Et que les paysages grandioses du désert marocain illustrent à merveille les fonds marins privés d’eau. Et que Jardin sait nous offrir des visions de pur cauchemar oscillant entre fantasmagorie et, plus inquiétant, réalité.

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mymp
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le 21 juin 2024

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