Survivre avec les loups par Fritz Langueur
Vera Belmont, peut revendiquer sa carte de productrice plus que celle de réalisatrice. En finançant « L’enfance nue », « Souvenirs d’en France », « la guerre du feu » ou « Farinelli », elle a offert de belles heures à notre cinéma. Lorsqu’elle se pose derrière la caméra, on reste perplexe… « Rouge baiser » ou « Marquise » faisant plutôt sourire que provoquer un réel intérêt. On avait donc à craindre, qu’en adaptant cette histoire vraie elle se laisse submerger par un académisme trop courant qui frappe les films traitant de cette période. « Le secret » de Miller en étant un exemple. Et le début du film ne vient pas nous rassurer. La guerre, la famille juive qui se cache, les bons, les méchants… On se croirait dans un mauvais Lelouch. Et puis, tout bascule. La complicité naissante entre la jeune Misha et le vieux bougon de Jean, change la donne. De ce moment là, on commence à s’intéresser à l’histoire qui va crescendo jusqu’au périple de la petite fille, qui occupe la majeure partie de film. Belmont y apporte une belle affectivité. Rigoureuse sur la temporalité du sujet, elle assure un découpage cohérent et filme avec une belle retenue. Les images sont superbes, ponctuées par une illustration musicale d’Emilie Simon intense. L’interprétation est aussi sans faille. On pourrait y reprocher le côté pousse au drame et cette attitude de Misha qui bien que seule, parle un peu trop. Mais globalement, le film est séduisant et très souvent touchant.